Allez, on entre dans les deux derniers jours du Pacifique et ça…. ça fait plaisir ! Il faut dire que ces derniers jours n’ont pas été simples. On a vu beaucoup de casses sur les bateaux, pas forcément liées au vent, mais plutôt à l’état de la mer.
Cela fait un sacré bout de temps que je ne peux pas avancer à 100% avec mon bateau, j’arrive à tenir en moyenne 85% je pense. Et c’est déjà pas mal. Hier, j’ai réussi à avancer et à creuser un petit écart assez important avec mes deux concurrents les plus proches. Mais dès l’empannage, j’ai compris que ça n’allait pas être la même ambiance à bord par la suite. La mer est tellement courte et forte, et il y a aussi pas mal de grains.
J’ai réussi à me reposer une heure cette nuit. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est déjà ça ! Après ma petite sieste, je me suis dit : « Bon, le jour est en train de se lever tranquillement, je vais me faire un petit café histoire de bien commencer la journée ». Je regarde les infos de vent : tout va bien. J’allume le réchaud, et là, le vent double d’un coup, en un claquement de doigts, alors que j’ai des voiles assez grosses à poste… Il faut donc rouler la voile d’avant, dans 38-40 nœuds, je passe 10 minutes à la colonne de winch comme une marmule, je suis content, j’ai même réussi à me faire couler mon café, et là… Le vent retombe à 14 nœuds.
Voilà comment commence la journée !… On ne peut définitivement pas se fier aux fichiers météo, donc c’est un peu du pifomètre en ce moment. Je suis bien fatigué, les conditions sont assez stressantes, j’ai l’impression qu’un truc va casser à tout moment, et ça prend beaucoup d’énergie. Il est temps de sortir du Sud ! Mais à en croire ma trajectoire actuelle, je devrais empanner dans la journée pour ensuite faire route direct vers le cap Horn !
Photo © Jean-Louis Carli / Aléa