« Libéré, délivré : l’Indien est maintenant derrière ! »
Ça fait du bien de tourner cette page. Je n’ai pas vu de bande de changement entre les océans, ni de changement soudain dans le ciel, mais mentalement, ça fait un truc.
C’est la dernière ligne droite dans le Grand Sud ! Elle risque d’être tout sauf droite en réalité, mais ça c’est une autre histoire !
Le bateau est en super forme. J’ai fait un contrôle de la structure ce matin, tout est nickel. Côté voiles, il y a un peu de couture à faire, mais rien de bien méchant. Et dans quelques heures, avec le vent qui va tomber, je vais pouvoir bricoler tranquillement. Avec quand même mon Italien préféré à surveiller car il est toujours à portée de vue et a visiblement envie de goûter mes pastas !
C’est anecdotique vu qu’on va tous se retrouver cette nuit dans 2 nœuds de vent. On fait un sprint pour rigoler un coup quoi ! Ça fait quand même depuis les Canaries que « Gian- Carlito » et moi on navigue ensemble. Nos manières de naviguer et nos bateaux sont très différents, mais on se tient toujours. Isabelle n’est pas loin non plus, je crois même l’apercevoir dans le gris, au loin.
Bref c’est super chouette d’être dans ce groupe, on se tire la bourre et on se motive. On se rapproche doucement de Damien, mais avec la météo qui s’annonce, on risque d’avoir du mal à vraiment revenir sur lui. Il devrait attraper les derniers petits souffles de vent et réussir à s’échapper, alors que nous, on va passer notre deuxième moitié de Grand Sud dans peu de vent. Ça reste encore incertain donc pour l’instant, je joue la simplicité : route directe !
Sinon ça y est, on y est, dans le Pacifique ! Tahiti, Bora Bora, lagons bleus, plages de rêve, surf… Et bien nous c’est gris, avec un ciel qui semble à hauteur de tête de mât, et un froid de canard à bord. C’est vraiment difficile de se réchauffer. L’intérieur du bateau est tellement humide avec la condensation que rien ne sèche. Mais bon, c’est quand même stylé de se dire qu’on est là, dans cet endroit si mythique, quasiment à la moitié de notre périple.
Le bateau est à 100%, et le bonhomme… disons à 200% après avoir enfin réussi à récupérer quelques heures de sommeil ! Je sens que cette nuit va être un enchaînement de changements de voile, les doigts gelés à l’avant du bateau. Eh oui, on est quand même par 50° Sud, et ici, l’eau est tout sauf chaude !
© Jean-Louis Carli