J’ai passé le front de la dépression au petit matin, étalé dans mon lit, le réveil en mode hurlements dans le bateau. J’ai attendu toute la nuit qu’il arrive ce satané front, et au final c’est lui qui m’a eu à l’usure. Je me suis fait cueillir bien endormi, mal de tête d’un humain qui n’a pas dormi beaucoup depuis 24 heures… et je n’ai pas pris la bascule comme je le voulais. Voilà, voilà !… J’étais avec trop peu de voiles pendant 1 heure et ça m’a coûté cher.
Derrière, le vent est bien revenu, j’ai 30 noeuds bien établis en ce moment et une mer à moitié de travers, à moitié de derrière. J’ai roulé et déroulé 5 fois mes voiles d’avant pour essayer de trouver le bon compromis mais clairement je m’avoue vaincu sur ce coup là. Impossible d’avancer correctement ! Le bateau s’arrête dans le creux de la vague à 10 noeuds et repart à 30 noeuds derrière. Si tu mets trop de toile, tu est un sous-marin et si tu n’en met pas assez, tu n’avance pas. Je ne dois pas dépasser 16 noeuds de moyenne, c’est ridicule… Trouver le compromis sera mon objectif du jour.
C’est dommage parce que cette nuit j’étais collé à Isabelle et là…. Bon, ce n’est pas dramatique, ça m’apprendra d’attendre un front, à manger des bonbons pour tenir éveillé. Le sucre à un moment donné, il va se coucher !
Comme la nuit reste le moment où j’arrive le mieux à dormir, je mets mon réveil à sonner toutes les heures, quoiqu’il arrive, au cas où je m’endormirais. C’est pour ça que je n’ai perdu que sur 1 heure, ça va encore, j’ai limité les dégâts. Et c’est une petite piqure de rappel avant le sacré long bord, assez complexe, qui nous attend. On a encore environ 1 300 miles comme ça, à serrer les fesses et à faire avancer nos bateaux au mieux.
Je ne m’ennuie pas bord ! J’aimerais bien pouvoir juste sortir un peu et prendre l’air, admirer le paysage sans avoir à ramper, accroché, pour réussir à rejoindre le cockpit ou à passer du cockpit au poste de veille !
Le pilote galère, ce matin j’ai dû switcher d’aérien, l’outil en tête de mât qui me permets d’avoir les informations sur la force et la direction du vent. J’en avais un des deux qui commençait à dire des trucs étranges et pas envie de me retrouver encore avec le bateau couché ! Ça va déjà mieux, mais avec cette mer, on reste sur le qui-vive…
Photo © Vincent Curutchet