C’est le jeu du chat et de la souris avec Stéphane. Ce matin il est légèrement devant, mais légèrement c’est déjà trop ! Je suis revenu sur lui, je ne suis plus qu’à 1,4 milles et je vais un poil plus vite depuis une heure. Ça fait 24 heures qu’on ne se quitte plus, qu’on se tient constamment à moins de 2 milles. Naviguer à vue c'est vraiment génial, on a beaucoup joué cette nuit, parfois un peu trop, mais c’est passé. C’est sympa pour un speed test entre bateaux fatigués, même si niveau repos ce n’est pas encore ça !
Le vent est de nouveau rentré depuis hier. Je me suis pris un grain à 45 noeuds alors que je venais de renvoyer de la toile. Nickel ! Rien de cassé. Enfin je crois. Du coup je suis de nouveau sous-toilé et ça risque de durer un peu. Avec Pip et Superbigou qui arrivent vite derrière, l’angoisse ! Va falloir qu’on avance…
Sans le savoir, nous avons opté pour la même route, avec une option Nord. Il fallait bien faire différemment des autres, quitte à jouer autant le faire jusqu'au bout et mettre encore plus de piquant dans cette fin de cours ! Seul souci : si on perd, c'est Superbigou qui passe devant. Si on gagne, on peut même passer devant Cali si le vent tombe dans le fond du golfe. C'est très engagé mais honnêtement, retourner dans les grains à plus de 45 nœuds avec une quille dans l'axe et des bruits de plus en plus étranges dans le bateau, je préfère éviter.
Je préfère faire la route la plus courte et tenter de ne pas casser La Fabrique avant d'arriver. En passant proche de la Corogne, il peut y avoir un effet Venturi et on peut soit prendre la plus grosse baffe de sa vie, soit rester planté dans une zone sans vent. C’est tellement instable, je préfère miser sur un choix simple et comme dirait un certain Denis Hugues : « Quand tu ne sais pas, ne cherche pas à faire des options, fais route directe ! » Voilà, les deux bons petits Ministes suivent tes conseils Denis !
Ça commence à cailler par chez vous apparemment ! C'est pour ça qu’en fait je préfère arriver plus tard sur le Vendée Globe. Il fait plus chaud. Les premiers arrivent vite, mais ils se caillent les fesses ! Passer la ligne en doudoune, bonnet et tout le tintouin, non merci. En février au moins tu es tranquille : short, t-shirt, pieds nus… Ahaha. Je craque !
J’arrête de déconner, je me fatigue moi-même et Stéphane en profite pour prendre de l'avance. Je me répète, mais c’est quand même incroyable cette régate au coude à coude, à deux jours de l’arrivée, après plus de 90 jours de mer autour du monde en solitaire, sur nos bateaux de 18 mètres… C’est fou, mais autant dire qu'on va bien faire une ou deux erreurs, il va falloir savoir en profiter !
Image d'illustration © Pierre Bouras / La Fabrique