vendee-globe-jour-72

Vendée Globe - Jour 72

18.01.2021


Nuit sportive dans 25 noeuds bien établis avec rafales à 35 de temps en temps. J'ai essayé de virer de bord en fin de journée pour faire une route qui m'écarte du trop gros temps, mais ma quille m’a refait des misères. Le problème n'est clairement pas résolu. Le temps d’envoyer la quille sous le vent, à la pompe à main, et de remplir mes ballasts pour avoir un peu de puissance, je me suis retrouvé à empanner dans la nuit. Je crois que j’ai réussi à quiller de 10°, c’est déjà pas mal, mais clairement pas assez pour tenir le bateau dans cette mer et les rafales.

J’arrive à tenir 2 ris et J3 et étonnamment, j’arrive à être à quasiment 11 noeuds au près. Je fais du saute-vagues depuis hier soir, mais j’ai quand même réussi à fermer l'oeil une heure, histoire de dire que je me suis reposé. Mon retard sur Cali (Arnaud Boissières) ne me permet pas de faire la même route que lui. C’est bien embêtant, car c'est la route à faire, mais bon, il faut accepter que par moments, je ne peux plus vraiment faire ce que je veux. Je devrais continuer sur ce bord jusqu'à la dorsale, sauf petit recalage pour essayer de la dépasser au mieux. Je tiens un cap au 50 pour le moment, ça me permet de reprendre quelques milles en distance au but, au moins ça fait du bien au moral.

Clairement ça ne va pas être simple de la passer, car l’idéal serai d'être décalé de 300 milles dans son Ouest, mais c'est impossible pour moi. Déjà, ça me rallongerait beaucoup trop la route, dans du gros temps, et en plus j'ai une chance sur deux de me faire rattraper par la dépression justement, puis de me retrouver juste derrière dans des vents instables. Pas bon. 

Du coup, au programme de ces prochains jours  : absolument tout ce que j'aime ! On commence par du près dans du vent soutenu jusqu'à demain, puis encore du près, et du près jusqu'à la molle. Génial comme programme, non ?  

J'ai pas mal travaillé sur mes réglages de pilote, ça ne me semble pas mal. C’est dur pour lui (ou elle puisque je l’ai appelé Julie). Pour compenser le quillage, j’ai les deux ballasts pleins, dont un qui est très en arrière, donc La Fabrique est sur le cul et ça la fait beaucoup taper dans la mer. Du coup, le pilote doit récupérer rapidement tous ces mouvements. Un sacré bordel. 

J'ai ma petite job-list pour la phase de molle. Je vais devoir changer l'hydrogénérateur de tribord à bâbord pour la remontée de l'Atlantique car avec la gîte, les charges moteur sont ingérables. Ensuite, couture du lazy-bag qui commence à avoir des faiblesses. Je vais aussi essayer d'aller nettoyer mes foils et mes safrans : petite baignade au programme ! Le truc que je me suis toujours interdit de faire, mais maintenant que la course ne se joue plus à grand chose, si je peux gagner un pouillème de vitesse, je vais aller le chercher ! 

Je vais aussi prendre une bonne douche ! J’en ai pris une rapide hier matin, histoire de faire un premier décrassage, mais il reste encore du boulot… J'ai tondu la barbe, histoire d'être plus léger et aérodynamique ! 

On ne lâche rien, même si ce n’est pas facile mentalement en ce moment. Et quand je vois le groupe de tête, je me dit qu'il y a encore le pot-au-noir à passer. Je l'avais presque oublier celui-là. Ce que j’essaye de me dire, c'est que malgré la zone sans vent assez longue de derrière, je devrais avoir un super angle de vent par rapport à ceux qui sont plus proches de la côte. Affaire à suivre. 




Image d'illustration © Christophe Breschi / La Fabrique 



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