Trois semaines qu’Alan Roura et son IMOCA Hublot sont arrivés aux Sables d’Olonne. Trois semaines de rencontres, de derniers réglages, contrôles, rendez-vous médias, visites de partenaires… Et trois semaines d’attente avant tout. Car lorsqu’il a quitté Lorient, le 17 octobre dernier, le skipper entrait, déjà, en mode Vendée Globe, en quelque sorte déjà parti, pressé de lâcher les voiles.
Alan, un skipper prêt à y aller
« Je me sens bien, je suis plutôt serein, s’est confié Alan à deux jours du départ. Le bateau est bien prêt, aux petits oignons, je me sens détendu même si je sais par expérience que ça peut monter d’un coup ! Je ne réalise pas tellement que j’y retourne pour une troisième fois !
J’ai aussi compris mon fonctionnement, j’ai envie de naviguer pour moi, sans me mettre de pression comme j’ai pu m’en mettre ces dernières années. J’ai subi l’image du bateau et le mythe de ses performances, associés à une certaine nécessité de terminer les courses pour me qualifier au Vendée Globe.
Cette fois, je ne suis pas là pour finir, ce n’est pas de décrocher une étoile de finisher de 3 Vendée Globe qui m’anime. Je suis prêt à appuyer sur le champignon en assumant les risques que cela peut engendrer.
Cela fait trois ans que j’attends ce départ, je n’attends que ça ! »
Hublot, un bateau « aux petits oignons » :
« Nous sommes arrivés aux Sables d’Olonne avec un bateau déjà quasiment prêt, se félicite Alexis Monier, Boat Captain. Tous les gros dossiers avaient déjà été finalisés à Lorient.
Nous avons simplement eu un petit imprévu au niveau des câbles de voile, qui a depuis été validé lors de notre dernière sortie. Chacun avait ensuite sa liste de choses à remettre en place ou à contrôler une dernière fois, puisque depuis la reprise en septembre, la priorité ayant été accordée aux navigations, certaines tâches « secondaires » avaient été remises à plus tard.
Désormais, tout le matériel de spare est prêt à être embarqué, le contrôle sécu a été validé la première semaine… Il ne nous reste plus qu’un grand nettoyage à faire après les dernières visites de nos partenaires et invités, avant un dernier contrôle visuel la veille du départ. »
Une météo stable et clémente ?
« Nous ne prévoyons pas de phénomène météo inquiétant, comme on a pu en voir au départ des dernières grandes courses de l’automne, à partir à la guerre, explique Simon Koster, skipper remplaçant et consultant performance et météo d’Alan. Ça a l’air plutôt clément, voire même un peu trop cool. Les premières heures de course ne seront pas très rapides, ni très faciles niveau stratégie car il y aura beaucoup de bulles sans vent dans le golfe de Gascogne, dans lesquelles on peut vite perdre une demi-journée. Il va falloir trouver son chemin pour sortir au plus vite dans l’Ouest et toucher du vent de Nord qui les mènera jusqu’au cap Finisterre, environ 48 heures plus tard.
Là, ça devrait se renforcer un peu. Il y a toujours un couloir d’accélération dans un flux de nord nord-est, avec pas mal d’empannages à faire. Ça ne devrait pas dormir beaucoup, avec beaucoup de monde sur l’eau entre les pêcheurs, les cargos, les dispositifs de séparation de trafic (DST) et 40 IMOCA qui devraient être encore assez groupés.
Ensuite ils pourront piquer vers le Sud au portant, avec la difficulté de bien négocier la jonction entre les vents qui viennent du cap Finisterre et les alizés, plus au Sud. Il y a encore un peu d’incertitude pour cette étape, cela dépendra du timing dans lequel Alan arrivera. La décision d’une route plus Est ou Ouest viendra alors, à savoir : passer par les Açores ou plutôt vers Madère ?
Finalement, les conditions de départ sont plutôt bonnes pour les marins, ils auront le temps de se mettre dans le bain au lieu de se faire cueillir par la grosse dépression d’automne qui a souvent l’habitude de leur tomber dessus ! »
Photo © Jean-Louis Carli / Aléa