Au terme d’une Vendée Arctique aux nombreux rebondissements, Alan Roura se livre sur l’expérience qu’il a vécue lors de sa deuxième course à bord de Hublot. Météo, instructions de course inédites et sensations à la barre de sa nouvelle monture, le Genevois nous dit tout.
Alan, quel départ le 12 juin dernier ! C’est la première fois que tu démarres ainsi aux avant-postes…
« J’avais à cœur de prouver à mon équipe ainsi qu’à moi-même que j’étais capable de faire un beau départ et de bien me positionner sur la ligne. C’était l’un des axes de progression que j’avais pu travailler entre la Guyader Bermudes 1 000 Race et la Vendée-Arctique Les Sables d’Olonne, je suis heureux que ça ait porté ses fruits !
Prendre un bon départ permet de coller tout de suite au peloton de tête et de pouvoir cravacher d’entrée. Cela m’a beaucoup aidé à entrer dans le match, c’était un début de course plutôt serré ! J’ai ensuite été vite ralenti par plusieurs petits pépins techniques pendant la première nuit, alors que les premiers continuaient de carburer, mais je suis très content de ce départ. C’est la première fois que j’étais dans le bon wagon ! »
En abordant les deux dorsales à traverser, tu optes pour une option ouest qui ne te favorise pas au classement : mentalement, comment es-tu parvenu à continuer sur cette voie ?
« Je n’ai pas regardé le classement pur, je regardais mon positionnement par rapport aux autres bateaux, pas les chiffres. Je savais que j’étais dans les choux en termes de place, mais cette option-là, j’y croyais dur comme fer depuis le début ! Il fallait juste que j’accepte d’aller au bout de mon idée, je savais ensuite qu’il suffirait d’une journée pour remonter au classement et tout s’est passé comme prévu. Cette stratégie était mûrement réfléchie. Je pensais même pouvoir remonter encore un peu plus, mais c’est déjà pas mal ! »
Tu n’as donc jamais douté ?
« Il y a bien sûr des phases de transition où on se pose plein de questions… Avec Benjamin Dutreux, nous étions les deux seuls à avoir poussé cette option-là à fond, on s’en est presque amusé finalement. On a toujours ce doute de savoir si on a fait le bon choix ou non, mais de toute façon, une fois que tu y es, tu y es. Autant aller au bout et ne rien regretter. Il ne faut pas oublier que cela reste un jeu ! »
Tu finis par remonter progressivement au classement au fur et à mesure que la flotte se regroupe et te retrouve finalement en septième position, au moment où la direction de course décide d’arrêter la course. Que ressens-tu à ce moment-là ?
« C’est un sentiment d’inachevé qui domine. Cette course n’est pas terminée et ne le sera jamais au fond de moi. Il me manque quelque chose. Le plan que je m’étais fait dans la tête était un plan à long terme, fait pour durer derrière et on me coupe l’herbe sous le pied ! C’est dur ! (Rires) C’est aussi une situation que l’on subit, alors que tu sais que tu aurais peut-être pu gagner encore deux places. Mais tant pis, c’est pour tout le monde pareil au final ! »
Quel bilan fais-tu de cette Vendée Arctique ?
« J’ai eu un véritable déclic sur cette course. La Guyader Bermudes 1 000 Race signait mon retour à la compétition, elle m’a surtout permis de me remettre en jambes et de commencer à connaître Hublot. Sur la Vendée arctique, j’ai pris confiance en moi et dans mon bateau, j’ai pu poser le cerveau et foncer tête baissée. Car c’est ce qu’il faut faire ! Selon les conditions de vent, la limite du bateau c’est l’humain : dès que ça tartine, le bateau, lui, il y va ! Il faut serrer les fesses et le laisser faire. Il fallait que j’arrive à me prouver que j’en étais capable et je le suis. »
On sent en effet que tu prends tes marques à bord, que tu commences à « trouver les manettes » de ton bateau. Parviens-tu déjà à te projeter sur une éventuelle performance sur la Route du Rhum - Destinatin Guadeloupe ?
« C’est dur de se projeter aujourd’hui… Les trois premiers sont impressionnants, presque intouchables à l’heure qu’il est. Ils ont l’avantage d’avoir leurs bateaux depuis plusieurs saisons et les connaissent par cœur, en plus d’être d’excellents marins, de grande expérience. C’est inspirant pour moi et pour la suite de mon projet.
Il y aura aussi pas mal de bateaux neufs, on sera au même niveau de connaissance mais j’apprends encore à être à la barre d’un bateau performant, du haut de mes 29 ans. Pour le moment, je préfère me concentrer sur moi, faire en sorte de donner le meilleur de moi-même avant de me comparer aux autres. C’est cet état d’esprit que je veux conserver pour la Route du Rhum - Destination Guadeloupe : passer la ligne et me dire que j’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour être le plus performant possible. En sachant que le niveau sera encore un cran au-dessus. Cela me donne encore plus envie de poursuivre le travail initié et de continuer à apprendre à connaître mon incroyable Hublot. »
@ Jean-Louis Carli / Alea / Vendée Arctique