4 350 milles : la route est longue mais elle est libre. Mis à part cinq petites zones interdites (correspondant aux DST, Dispositif de séparation du trafic), aucune marque de parcours ne vient troubler le jeu stratégique. Découpage et décryptage en quatre tronçons clés de la plus longue des transats, la seule qui change d’hémisphère.
L'entame de course est exigeante pour des organismes restés en mode stationnaire depuis dix jours au Havre : nombreuses manœuvres, changements de voile, veille du trafic très dense (et des autres concurrents). Quant à la tactique, elle y est souvent cornélienne avec souvent de très forts courants qui pourraient obliger la flotte à naviguer au ras des cailloux et qui présentent l’inconvénient de dégrader fortement l’état de la mer.
Si trois zones interdites (DST) sont à respecter sur ce tronçon, en revanche, Ouessant n’est pas marque de parcours : certains concurrents pourront ainsi choisir de passer par le chenal du Four - peu probable - ou celui du Fromveur.
Selon le système météo, les routes pourront être assez variées pour cette grande descente de l’Atlantique, le but étant toujours de gérer les abords de l’anticyclone des Açores et de rallier au mieux les alizés.
Si en sortie de Manche, il faudra probablement aller chercher un front, la route idéale pouvant conduire assez à l’ouest des archipels de Madère, des Canaries et du Cap Vert, avant de piquer vers l’entrée du Pot au noir. C’est généralement le scenario le plus rapide car les concurrents navigueront alors avec un bon angle dans l’alizé de nord-ouest.
En cas de route dite « directe », les bateaux passeront plus près du cap Finisterre où se situe l’avant dernier DST à respecter. Le but restera toujours de rejoindre l’alizé, imposant dans ce cas une gestion assez fine des empannages le long des côtes portugaises et marocaines.
L’équateur météorologique se situe aux alentours de 7 à 8 degrés de latitude Nord en novembre, soit un peu plus au Nord que l’équateur. La meilleure porte de passage théorique se situe entre 25° et 30° de longitude Ouest. Voilà pour la théorie.
En pratique, le Pot au noir peut changer très vite de position, s’étendre ou se rétrécir à cette période de l’année. C’est un passage crucial qui peut devenir un véritable piège, car :
Le dernier « segment » dans les alizés de sud-est de l’hémisphère Sud fait office de libération. Mais avant que l’allure soit vraiment portante, la mer hachée mettra à rude épreuve le matériel déjà fatigué par près de 4 000 milles. Pour finir, l’arrivée dans la Baie de tous les Saints peut s’avérer difficile avec un vent très faible la nuit généralement.
Autant dire que rien n’est joué avant la première caïpirinha !…
Source : transatjacquesvabre.org