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The Transat CIC : Le bonheur au-delà du classement

14.05.2024


Golden Hour, skyline en toile de fond et sourire aux lèvres : tout était réuni, mercredi 8 mai, pour célébrer l’arrivée d’Alan Roura de la plus belle des manières. Quelque huit heures après avoir franchi la ligne d’arrivée de The Transat CIC, au large de New York, le navigateur suisse, heureux 13e de la course, mettait enfin pied à terre. « Elle est méritée celle-là » s’esclaffait-il en savourant une lampée de champagne, non sans en avoir auparavant arrosé son IMOCA Hublot, qu’il avouait avoir « bien maltraité ». Car cette Transat anglaise, la 10e course transatlantique d’Alan en huit ans, avec toujours 100% de réussite, lui aura donné un véritable déclic dans sa capacité à rivaliser avec les meilleurs. Récit de ce joli succès.

Des optimisations abouties

Il avait cumulé à peine 24 heures de navigation depuis la remise à l’eau de Hublot, le 11 avril dernier, avant de s’aligner sur la ligne de départ de la plus redoutée des transats. À peine un mois plus tard, Alan Roura épinglait un nouveau monument de la course au large à son palmarès, à la barre d’un bateau transformé qu’il se félicitait d’avoir « enfin su mener au meilleur de son potentiel ». Avec des journées à plus de 20 noeuds de moyenne et des performances notables à toutes les allures, même au près, il est en effet indéniable qu’en modifiant considérablement son monocoque ce hiver, le marin de 31 ans a réussi son pari. « Le premier bilan est très positif, a-t-il confirmé à son arrivée. Les nouveaux ballasts ont ajouté de la puissance, je les ai utilisés les trois-quarts de la course. Les changements au niveau de l’ergonomie et de la vie à bord, que je n’avais pas pu tester avant le départ de la course, ont eux aussi porté leurs fruits. »

La nouvelle étrave, plus gros chantier de ces dernières semaines et investissement conséquent entrepris par le navigateur, toujours en quête de budget complémentaire, semble également avoir fait ses preuves, permettant au bateau de « moins enfourner dans les vagues », de « redémarrer plus vite » et donc d’afficher des phases de décélération moins importantes et des vitesses bien plus élevées : « Exactement ce qu’on voulait apporter au bateau ! » Premier essai validé, donc, dans des conditions par ailleurs loin d’être optimales : « L’état de la mer était très difficile, pour tout le monde, même pour les scow. Ce n’était vraiment pas la meilleure des transats pour tester l’étrave et les premiers bénéfices sont déjà supers. » Des résultats prometteurs pour la suite !

Une traversée réussie

Car au-delà de sa 13e place sur 33 partants, et en plus de s’offrir une 10e course transatlantique terminée d’affilée en moins de 10 ans, Alan a de quoi se réjouir, avec une traversée qui lui servira fort probablement de référence dans les performances qu’il peut prétendre viser. Dès le chrono lancé, le 28 avril dernier à 13h tapantes en rade de Lorient, le skipper de l’IMOCA Hublot frappe fort, avec un départ dans le peloton de tête. De quoi mettre en confiance à l’entame des 3 500 milles qui s’ouvrent devant lui, si ce n’était un premier coup de frein dans le dévent de l’île de Groix, que la flotte était forcée de laisser à tribord. Le long bord de reaching qui suivra et qu’il attaquera en 28e position permettra cependant à Alan d’expérimenter, pour la première fois, le comportement de son bateau nouvelle version, dans des conditions propices à la pleine expression de sa vélocité. « Un bord incroyable, se souvient-il. Le bateau en vol quasi constant, à rebondir sur les vagues. Ça va vite, c’est doux, c’est fluide. » 

Remonté en 17e position après moins de 24 heures de course, Alan aborde la première des nombreuses dépressions qui jalonnent la route jusqu’à New York au sein d’un groupe positionné relativement au Sud, au plus proche de la trajectoire la plus directe. Propulsé par des vents puissants et chahuté par une mer cassante, le Suisse s’accroche, tient le rythme des leaders, négocie aussi bien les transitions que ses manoeuvres, et ressort de la deuxième zone de basses pressions en 12e position. À moins de 20 milles de Justine Mettraux et à moins de 5 de Sébastien Simon au moment d’affronter la troisième tempête de cette transat par le Nord, Alan paye malheureusement le prix fort d’un positionnement légèrement trop au Sud et reste bloqué, 3 heures durant, dans une zone sans vent, voyant s’échapper ses concurrents. Il parvient toutefois à combler de nouveau son retard dans un long dernier bord de portant, et est 11e, revenu à moins de 50 milles de Groupe Dubreuil, quand le « crac » tant redouté de tous vient réduire à néant ses espoirs d’atteindre le Top 10 si convoité, au regard d’un plateau aussi relevé. Dans de derniers milles aux airs mollissants, le foil bâbord en vrac et sous la menace du retour de ses poursuivants, Alan ne pourra résister à leurs assauts et perdra finalement deux places dans les dernières 20 heures de course.

C’est en 13e position que Hublot franchira la ligne d’arrivée d’une éprouvante traversée, gratifié des couleurs d’un coucher de soleil flamboyant venu sublimer ses lignes gracieuses, et son étrave nouvelle se détachant au loin des gratte-ciels new-yorkais. Un spectacle époustouflant, comme la chaleureuse reconnaissance d’un certain accomplissement dont le skipper devrait se souvenir longtemps.











Photo © Arnaud Pilpré / Sutdio Marlea



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