Mercredi 11 mai 2022
C'est souvent dans ce genre de moment où tu te demande pourquoi tu fais ça ! Ce genre de nuit, où tu avais tout planifié, que tout était parfait dans ta tête mais que tu avais oublié une chose très importante : tu te bats contre la nature avec un voilier de course.
J’avais bien préparé mon enchaînement avec le passage du vent plus fort : virement de bord dans la bascule, le vent passe portant, j’envoie une petite voiles de portant et le tour est joué. Voire même j'ai de la chance et je remonte les copains! Mais ça c'est dans les contes de fée, ou dans le livre des Glénans.
La réalité c'est que tu es taquet depuis le départ, tu n’as quasiment pas dormi mais tu tiens le coup, tu envoies ce beau virement, effectues ton changement de voile et hop petite sieste. Ça, c'était quelques heures en arrière. Au moment où je vous écris, je suis dans mon siège de vieille, après avoir changé trois fois de voilure car le vent passe de 18 à 25 noeuds et que je fais sonner toutes les alarmes du bord. Le tableau électrique, c'est un sapin de Noël.
Mais ça, ce n’est rien encore ! Changer de voile, c'est facile, mais quand ton capot de pont positionné à l'avant du bateau a pris la decision de faire un tour sur le pont pour prendre l'air et laisser rentrer des tonnes et des tonnes d'eau dans le bateau, ça c'est autre chose… Depuis, j’ai repris ma route et ai fini de remettre le bateau en ordre. Enfin presque : il me reste à passer l’éponge à l’intérieur du bateau pour vraiment assécher tout ça, après déjà 2 heures de pompe de cale, 25 milles de perdus et un moral un peu dans les chaussettes. Alors je me suis permis une petite sieste pour reprendre des forces et être prêt pour envoyer toute la journée !
Image d'illustration © Vincent Curutchet / Hublot