Mardi 10 mai 2022
Ça fait plaisir de reprendre le clavier sur un bateau pour envoyer quelques lignes. Je n'ai pas pu vous écrire avant, entre un départ de course, une nuit au contact à moins de 30 mètres des autres IMOCA puis un bon bord de sanglier pour le Fastnet. Je n'ai pas non plus pu me reposer avant cette nuit, c'est dire l’intensité de ce début de course ! Ou peut-être que j’attendais mes conditions « préférées » pour prendre le temps d’écrire… Le près !
Le parcours est super sympa mais il n’y a malheureusement pas beaucoup de choix stratégiques à faire. On est un peu en mode Figaro, à la queue-leu-leu, ça se joue en vitesse pure. Dans le petit temps, au près, ce n’est a priori pas à l’avantage du bateau et je n’ai pas encore toutes les clés pour contrer ce point « faible ». Alors je m’efforce de naviguer proprement et d’attaquer autant que possible dès que le vent monte.
Je suis dans mon match à moi, avec de superbes phases à bord de Hublot. J’ai beaucoup de plaisir à naviguer, à reprendre du service, et à être de nouveau en course. Et puis c’est tellement agréable d’être au sec, au chaud même, pour faire ses manoeuvres. Je passe mon temps à la colonne, à chercher les réglages fins qui font gagner de la performance. Chercher, trouver, apprendre, c’est nouveau pour moi tout ça. Il faut que j’apprenne à naviguer en solitaire sur ce bateau, à le contrôler aussi, car quand il s’emballe c’est quelque chose ! Je comprends mieux pourquoi il y a une ceinture de sécurité dans le siège de veille : hier, j’ai failli traverser le bateau ! On filait à 28-30 noeuds et PAF ! Hublot est retombé et a planté dans une vague. On appelle ça un arrêt buffet !
On a une mer pas super bien rangée, un peu comme mon cockpit d’ailleurs ! Je suis entre la cellule de vie et le cockpit, j’ai une superbe vue sur mon bordel… C’est incroyable le bazar qu'on arrive à mettre en faisant une manoeuvre !
Image d'illustration © Christophe Breschi / Hublot