Attendu sur la ligne d’arrivée du Vendée Globe dans désormais moins d’une semaine, Alan Roura continue de batailler au sein d’un groupe de 4 bateaux. Avec dans le viseur, la 16ème place qu’il était parvenu à conserver des semaines durant. Car malgré son handicap technique, le skipper de La Fabrique refuse de laisser sa course lui échapper et la lutte continue de faire rage à 2 000 milles de l’arrivée. Avec un anticyclone des Açores qui pourrait redistribuer les cartes avant de pouvoir filer vers la Vendée, les jeux sont loin d’être faits !
Il aurait pu rêver d’une dernière ligne droite, à filer direction l’arrivée du Vendée Globe, poussé par des vents portants lui permettant de faire siffler les foils de La Fabrique, une dernière fois. Mais ce sera finalement le « grand tour de la paroisse » pour Alan, contraint de faire face à « un bel anticyclone, assez énorme, à contourner », comme il l’expliquait lors de sa vacation de ce matin. Et qui plus est « pas à sa place habituelle » selon Christian Dumard, consultant météo de l’organisation de la course. Un détour qui présente néanmoins l’avantage d’ouvrir encore le jeu sur quelque 2 000 milles, au contact avec trois autres bateaux, et de laisser de nouvelles opportunités au Genevois de récupérer une ou deux places au classement. Lui qui confiait « prendre son pied » depuis son passage du cap Horn, heureux d’avoir eu la force de poursuivre sa route et de boucler, dans environ cinq jours, son deuxième Vendée Globe, n’a donc pas dit son dernier mot, prêt à tenter quelques derniers coups.
Condamné à faire le grand tour, plus de 1 000 milles dans l’Ouest de l’archipel portugais (alors que la première partie de flotte passait dans son Est), Alan pousse en effet l’option encore un peu plus à son extrême. Mais si le skipper suisse se rallonge ainsi la route, sacrifiant même provisoirement sa place au classement (calculé en distance au but), c’est bien pour espérer toucher en premier le train de dépressions hivernales qui devrait l’accompagner jusqu'aux Sables d'Olonne. Et tenter de prendre son envol, devant ses concurrents. Un pari qui semble pour le moment payant, puisque La Fabrique affiche les plus belles moyennes de son groupe depuis ce jeudi matin. De quoi récompenser les incroyables efforts déployés par le jeune navigateur, qui se démène depuis plusieurs semaines, désavantagé par sa quille, pour maintenir le même rythme que ses compagnons de voyage. Pour le benjamin de cette neuvième édition, boucler un deuxième tour du monde à 27 ans sera une première victoire, mais se battre jusqu’au bout et figurer à la plus belle place possible en sera une seconde, encore plus belle.
Mercredi 10 février dans la journée
NB : Les conditions instables dans le golfe de Gascogne et les performances altérées de La Fabrique rendent l'ETA d'Alan difficile à anticiper de façon précise à ce stade de la course
Photo © Alan Roura / La Fabrique - VG2020