Si nombre de concurrents de cette onzième Route du Rhum - Destination Guadeloupe ont fait le choix de se réfugier à l’abri des ports, le temps que le golfe de Gascogne se calme, Alan Roura a lui décidé d’affronter le mauvais temps pour tenter d’atteindre les Açores ou Madère au plus vite. Cette nuit, il dépassait ainsi la latitude des Açores, là où le vent commence à faiblir. Fin des conditions de vent et de mer dantesques, mais début du casse-tête stratégique pour contourner la dorsale anticyclonique sur la route des alizés.
« On est entrain de sortir du plus dur, le vent ne devrait faire que faiblir » déclarait Alan en vacation, tôt jeudi matin. Après trois jours de course en mode guerrier, malmené par une violente dépression encore active dans le golfe de Gascogne, le skipper de La Fabrique peut enfin souffler. Lui qui avait fait le choix d’aller au front, confiant en la fiabilité de son bateau et en son sens marin, ne cache cependant pas son soulagement de retrouver des conditions plus clémentes. Jusque là trempé jusqu’aux os, il lui est désormais possible de se changer et de sécher ses affaires. Jusque là chahuté par la houle, il est maintenant en mesure de se faire à manger. Et, jusque là constamment aux aguets, il a finalement pu retrouver les bras de Morphée : « J’ai pu sécher le bateau, faire de petites réparations, dormir un peu et manger chaud ! » Cette première épreuve surmontée haut la main, Alan aborde donc sa descente vers le Sud en septième position, légèrement décalé dans l’Est - et donc plus éloigné de la route directe que les concurrents classés devant lui. Mais le contournement de l'anticyclone des Açores pourrait bien redistribuer les cartes.
Quelque peu en retard sur leur approche de Madère, Alan et le « groupe des Finot » (ndlr : comme Alan, Stéphane Le Diraison et Damien Seguin disposent de monocoques dessinés par le cabinet d’architectes Finot-Conq) risquent en effet de trouver porte close au niveau de la bulle anticyclonique qui leur barre la route vers le Sud. L’enjeu de ces prochaines heures sera donc de retrouver de la vitesse, afin de parvenir à se faufiler juste à temps… et ne pas subir comme un deuxième départ en sortie de dorsale. La récompense ? Les alizés, route ô combien plus agréable, sur une mer plus maniable et dans des vents portants : « On a bien souffert, les bateaux aussi, ça va faire du bien au moral de retrouver les alizés ! » En route le turbo, et les méninges !
1- Alex Thomson (Hugo Boss) à 2 481,7 milles de l'arrivée2- Paul Meilhat (SMA) à 54 milles du 1er3- Vincent Riou (PRB) à 60,8 milles(...)7- Alan Roura (La Fabrique) à 228,1 milles
Image d'illustration © Christophe Breschi / La Fabrique Sailing Team