Revenus il y a dix jours après cinq semaines d’entraînement au Portugal, Alan Roura, Simon Koster et le Hublot Sailing Team sont de nouveau sur le départ. À cinq jours de la reprise de la compétition, le duo suisse s’apprête en effet à rallier Brest, ville de départ de la quatrième Guyader Bermudes 1000 Race, course de lancement de la saison 2023 qui se courra en double pour la première fois. Bilan avec Alan Roura.
Alan, comment s’est déroulée cette session d’entraînements à Cascais, au Portugal ?
Ce mois d’entraînements nous a permis d’enchaîner les navigations à la journée, avec des objectifs de travail bien précis, dans toutes les allures, afin d’essayer le bateau dans différentes configurations, tester de nouvelles voiles… Nous sommes aussi partis sur des parcours plus longs, surtout afin d’optimiser notre fonctionnement en double avec Simon. En somme, tout ce que nous n’avons pas pu mettre en oeuvre l’an dernier, faute de temps, avec en plus la prise en compte des modifications que nous avons effectuées cet hiver, notamment la quête de mât et l’ajout de lest dans le bulbe de quille.
Pourquoi le Portugal ?
En descendant plus au Sud, nous avons rencontré des conditions météorologiques proches de ce que l’on rencontre en course. Depuis Cascais, on se retrouve très rapidement dans une mer et des vents de large, dans une vraie houle d’Atlantique, avec des bascules, alors que dans le golfe de Gascogne en cette saison, c’est soit pas de vent du tout, soit de grosses dépressions qui passent avec une mer très courte, très formée et très croisée. Des conditions qui ne nous permettent pas d’emmagasiner de façon optimale des données intéressantes sur le bateau. Cela nous permet aussi de naviguer dans des températures plus clémentes, moins énergivores, grâce auxquelles nous pouvons naviguer plus facilement et nous mettre dans un rythme plus intensif qu’en plein hiver breton. Naviguer par 25°, sans être obligés d’être en bonnet avec tour de cou et chaussettes de ski, c’est quand même beaucoup plus agréable !
S’isoler de Lorient et de son quotidien était-il également un avantage ?
Le Portugal, c’est aussi sortir de sa zone de confort, être dans un endroit qu’on ne connaît pas, où on n’a pas de quoi bricoler hormis une petite camionnette avec un peu de matériel. Juste de quoi réparer, pas de quoi faire évoluer le bateau, ce qui fait qu’on économise beaucoup de temps à ne pas se poser trop de questions ! On passe notre temps à naviguer, le soir on débriefe, on répare ce qu’il y a à réparer et le lendemain on repart naviguer, tête baissée. On vit bateau, on dort bateau, on mange bateau. Nos sujets de conversation pendant ce mois n’ont tourné qu’autour du bateau, ce qui a fait que nous avons beaucoup grandi, beaucoup évolué avec le bateau, c’est un énorme plus. Et puis le Portugal, ce n’est pas très loin d’ici, donc en logistique pour l’équipe, c’était très pratique.
Le principe de rotation d’équipe et de navigateurs invités a-t-il porté ses fruits ?
Le fait de naviguer plus nombreux, d’être en équipage constamment, avec des personnes extérieures, a fait que nous avons multiplié les regards pour comprendre comment le bateau fonctionne et en perfectionner notre utilisation, trouver de nouveaux réglages et gagner en connaissances plus rapidement. Nous devions également nous entraîner avec les équipes de Maître CoQ, nous sommes très heureux de nos premiers bords ensemble, mais la blessure de Yannick Bestaven a malheureusement changé la suite du programme.
Quels étaient les objectifs principaux de ce long déplacement ?
Acquérir un maximum de nouvelles données suite à l’évolution du bateau et donc de mesurer l’impact de notre chantier. La bonne nouvelles c’est qu’il a été clairement positif, dans toutes les allures !