Déjà une semaine de course pour Alan Roura et son voilier La Fabrique. En ce début de tour du monde, les vitesses et distances parcourues n’affolent pas encore les compteurs, la faute à un système météo particulièrement compliqué dans l’Atlantique nord. Le navigateur suisse en profite donc pour faire sa route et reprendre ses marques, tout en partageant les joies de la vie à bord d'un Imoca.
Qu’il fut difficile ce départ de Vendée Globe 2020 ! Malgré 48 premières heures de course dans des conditions plutôt tranquilles, Alan admet en effet avoir quelque peu peiné à entrer en mode course dès les premiers jours. Manque de longue navigation en cette année particulière, peu de temps passé à bord de son bateau en période de confinement d’avant-départ, grosse tempête à traverser en plein océan atlantique, coup au moral après le retour aux Sables d’Olonne de Jérémie Beyou, grand favori de l’épreuve… Les explications sont nombreuses mais qu’importe, l’angoisse de ce premier coup de vent passé, le jeune Suisse assure désormais garder un « moral stable » à toute épreuve. En témoignent ses premières vidéos du bord, emplies de sa bonne humeur si caractéristique. Cuisine, stratégie météo, douche et avaries techniques : le skipper de La Fabrique ne cache rien de son quotidien, ni de sa stratégie passée ou à venir. « À l’inverse de ce qu’annonçaient les fichiers au départ, l’option Ouest en partant des Sables d’Olonne ne s’est pas révélée si payante que ça, concède Alan. Je me suis emmerdé à changer de voiles un nombre incalculable de fois dans des vents assez soutenus, alors que c’est passé tranquille pour ceux qui sont restés à la côte. C’était assez démoralisant mais je reste malgré tout dans le bon train, je dois garder confiance en moi et en mes choix. » La suite s’annonce moins cornélienne, avec une transition entre vent de Nord à Nord-Ouest et alizé d’Est, Nord-Est, déjà négociée la nuit dernière. Un empannage plus tard et une belle « aile de mouette » - comme on dit dans le jargon - à la clé, et La Fabrique retrouvait un angle de navigation plus serré, plus propice à de hautes vitesses pour les foilers. À condition d’avoir une force de vent suffisante… « Ça s’est calmé, presqu’un peu trop ! déplorait Alan ce matin. Il fait beau, il fait chaud, la mer est belle mais bon, il y a 8 noeuds de vent, ce n’est pas jo-jo ! »
Le skipper de 27 ans devra donc s’armer de patience : si son IMOCA de 2007 présente un point faible, c’est bien dans les petits airs. « Le vent ne devrait pas tarder à refuser et à se renforcer, ce qui va me permettre d'accélérer » se rassurait-il en scrutant fichiers météo, classements et positions de ses concurrents. Car c’est en vitesse pure que les prochains jours vont se dessiner, à l’occasion d’une descente vers l’équateur et un Pot au noir très peu actif qui ne présente, pour l’heure, aucun piège stratégique. Si ce n’est le choix des voiles : « Ça va être un long bord tout droit, il faudra aller le plus vite possible dans des vents modérés. Dans 15 à 20 noeuds de moyenne, je me retrouve pile entre deux voiles, je vais devoir trouver le bon compromis. » D’ici là, il s’agira de profiter d’un peu de soleil et de chaleur pour sécher les affaires, le bonhomme et prendre le temps pour un peu de repos, avant de pouvoir montrer pleinement le potentiel de son bateau.
Photo © Alan Roura / La Fabrique - VG2020