Cela pourrait paraître surprenant, au premier abord, de rédiger la biographie de quelqu’un qui vient seulement de célébrer ses 31 ans, et semble avoir un horizon de possibles devant lui. Mais quand ce quelqu’un s’appelle Alan Roura, qu’il s’apprête à prendre le départ de son troisième Vendée Globe après une première vie passée sur les océans de la planète dans des aventures familiales aussi attachantes que rocambolesques, on comprend mieux l’enthousiasme des reporters suisses Grégoire Surdez et Jean-Guy Python à rembobiner le fil de ce destin aussi atypique qu’extraordinaire. Cela donne « Alan Roura, l’école du large », un album illustré à mi-chemin entre le carnet de voyage et le récit intime, à paraître mardi 10 septembre aux éditions Favre.
Derrière tout ouvrage, il y a souvent une belle histoire humaine. « Alan Roura, l’école du large » ne déroge pas à la règle. Tout commence sur un ponton breton en septembre 2013, dans un heureux concours de circonstance que même un romancier n’aurait osé imaginer. Dépêchés de Suisse pour couvrir le départ de la Mini Transat, à laquelle participent plusieurs navigateurs helvétiques, les deux journalistes cherchent à justifier leur présence sur place en multipliant les sujets. Et tombent alors sur le nom inconnu d’un compatriote dans la liste des participants. Alan Roura, tout juste 20 ans, va-nu-pieds ayant déjà bourlingué aux quatre coins du monde iodé, vit alors dans sa voiture, une Twingo achetée pour une bouchée de pain. Dans son coffre, les deux sacs contenant toutes les affaires de sa vie. Il n’a pas de téléphone portable, non plus. Alors pour le rencontrer, c’est un post-it déposé sur son bateau qui fera l’intermédiaire.
Voilà pour le scénario d’un premier rendez-vous qui donnera, onze ans plus tard, le récit d’une personnalité authentique et attachante, qui a su gagner le cœur des Suisses et des passionnés du grand large, mais dont on ignore finalement le tour de force que représente sa carrière.
Au fil des chapitres, on découvre ainsi comment ses parents, Georges et Myriam, ont décidé de quitter leur vie bien rangée et leur pavillon onésien pour embarquer leurs enfants dans une aventure hors des sentier battus, avec la mer comme salle de jeux et l’art de la débrouille comme professeur principal. Des Baléares à la Grenade, des Marquises au Venezuela, c’est une enfance couleur menthe à l’eau qui se raconte comme une leçon de géographie, et qui permet à Alan Roura bien d’autres apprentissages en chemin.
Fort de cet atypique bagage personnel et professionnel, le jeune homme de 18 ans à l’impressionnante maturité décide alors, le plus naturellement du monde, qu’ « il est temps qu’il fasse sa vie ». La vie d’un marin de course au large, bien sûr, lui qui s’est promis de prendre le départ de la Mini-Transat après avoir vu cette flotte de petits bateaux s’élancer à l’assaut de l’Atlantique alors qu’il était en escale aux Canaries. La vie d’un entrepreneur aussi, à mesure que ses projets sportifs montent en puissance : Mini Transat donc, puis Route du Rhum, Transat Jacques Vabre, et surtout, surtout, le mythique Vendée Globe, en 2016. À seulement 23 ans, il devient le plus jeune skipper à participer – et terminer – ce tour du monde en solitaire et sans escale, l’un des défis sportifs les plus exigeants au monde. Sur un bateau aussi âgé que lui et avec le plus petit budget de la flotte, évidemment. Mais une équipe de fidèles amis dont il est devenu chef d’équipe au capital sympathie XXL, lui qui place la loyauté et les liens humains au-dessus de tout le reste.
La vie aussi d’un homme qui doute, qui a l’humilité de parler de ses échecs, de ses peurs. Comme ce deuxième Vendée Globe, qu’il confesse sans filtre avoir « merdé ». « J’avais de trop hautes ambitions et je m’étais mis bien trop de pression pour ce deuxième Vendée Globe. J’ai eu besoin de beaucoup de temps pour accepter ce qui était en train de m’arriver et me remettre dans la course après ces soucis techniques. Savoir naviguer différemment, aller au bout, quoi qu’il en soit, car terminer un tour du monde en solitaire n’est jamais anodin ; j’ai fini par en tirer du positif de ce Vendée. Toutes ces expériences font partie du bagage que l’on emporte avec nous et qui nous rendent meilleurs. »
Meilleur marin, mais aussi meilleur humain. Car Alan Roura ne serait pas vraiment lui-même sans sa dernière casquette, celle de mari d’Aurélia, infatigable pilier et premier soutien de toutes ses aventures, et de papa poule de Billie et Marley, ses deux rejetons qui n’ont pas attendu de savoir marcher pour arpenter bien des pontons.
À travers des anecdotes personnelles, des témoignages émouvants et des récits captivants, les lecteurs pourront ainsi parcourir les coulisses de ces aventures marines dont on ignore souvent la résilience qu’elles requièrent pour être bouclées. Et surtout en apprendre davantage sur l’impressionnant parcours de ce passionné, qui a su garder intacte sa détermination, sa joie de vivre et son esprit d'aventure. Et qui s’apprête à disputer son troisième Vendée Globe, cette course qui lui « colle à la peau » et le « fait vibrer, plus que jamais ». « Une quinzaine de concurrents peut briguer la victoire ou une place sur le podium. On peut considérer que je fais partie des prétendants. »
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Photo © Jean-Guy Python