Joint par l'organisation du Vendée Globe mardi matin, Alan confiait tout faire pour faire avancer La Fabrique à 100% dans des conditions de mer loin d’être idéales. Mais le skipper de 27 ans s’accroche et guette les futures opportunités de recoller à la flotte !
« Je tartine quand je peux. Les conditions sont un peu spéciales. Dans l’ensemble, ça tartine dans la bonne direction donc c’est plutôt cool. À bord, c’est invivable car la houle est très formée donc le bateau a tendance à se faire prendre ou à enfourner. Faut être sur le pont, il faut régler ! Là je suis entre le capot moteur et la descente, accroché, un bras sur chaque pièce et je m’agrippe. J’ai deux ris dans la grand-voile, le J2 et le J3 donc des petites voiles d’avant. Il y a pas mal de grains donc dans les phases entre deux, où c’est un peu plus mou, je suis forcément plus lent, par contre dans les grains ça monte vite à 35-38 nœuds donc je suis un peu toilé parfois. J’essaye d’avoir une position avec le bateau assez « passe-partout ».
Ce matin j’ai pris une déferlante qui est à moitié rentrée dans le bateau. J’ai fermé les bâches. Je suis enfermé dedans, prêt à sortir s’il le faut. J’ai les commandes du pilote avec moi et j’attends un petit peu que ça se passe. Il n’y a pas grand-chose d’autre à faire que de jouer avec la télécommande du pilote. S'il y a du gros temps et que ça forcit, il faudra abattre pour essayer de laisser passer et éviter que le bateau se couche. Et puis remonter plus proche du vent quand ça se calmera. C’est un jeu de Gameboy actuellement.
Hier soir, à la tombée de la nuit, j’étais bien toilé et j’ai décidé de lever le pied car j’étais sûr que ça allait monter et ça n’a pas manqué. Ça devrait durer encore presque deux jours, cette histoire. Ça me pousse dans le bon sens, c’est bien. C’est dur car je n’arrive pas à tenir des vitesses rapides comme le bateau en est capable, car la houle du vent est haute mais la mer est courte et ne m’aide pas à avancer à 100% du bateau.
Depuis 24 heures, j’ai réussi à dormir 15 minutes. Il serait temps que j’arrive à bien me poser, mais bon j’essaye d’être un maximum sur les réglages du bateau, d’être à l’affût de la moindre vague car ce sont quand même des conditions assez dangereuses. Il n’y a pas du tout baston, il y a entre 25 et 35 nœuds ce qui n’est pas énorme, mais c’est assez intense.
Je devrais avoir encore de l’air mais plus abattu, jusqu’à ce qu’on bute dans la molle devant, on va pouvoir recoller un petit peu devant, on essaye d’avancer au mieux. On est sur le Nord de la dépression qui n’est pas très forte en soi mais ça monte vite dans le Sud ! J’ai travaillé 50 fois sur les opportunités de recoller devant et ça n’a jamais vraiment fonctionné donc je me dis que je navigue à mon rythme, et si je recolle un peu, beaucoup, tant mieux, sinon tant pis. Il y a forcément un coup à faire, mais il faudrait réussir à maintenir les bateaux à 100 % et c’est vraiment difficile. Au moment où je vous parle, je suis à 12 nœuds alors qu’il y a 20 secondes, j’étais à 23, c’est très instable. »
Photo © Pierre Bouras / La Fabrique