Joint par l'organisation du Vendée Globe ce mercredi matin, Alan partageait sa joie d’enfin être dans des vents favorables à l’exploitation optimale de son bateau La Fabrique. Outre son bonheur de pouvoir enfin « tartiner » en direction du cap Leeuwin, il nous raconte également son étrange dernier rêve…
« Enfin mon bateau glisse, c’est cool ! J’ai entre 20-25 noeuds max de vent, à 125-130° du vent réel. C’est un angle assez bas. Par contre la mer n’est pas terrible, ça marchait beaucoup mieux hier ! Là je suis un peu plus lent mais ça va, ça avance quand même plutôt pas mal. J’ai pu bien me reposer cette nuit, ça fait du bien aussi, c’est parfait !
J’avance à 20-22 nœuds, je remonte un peu des milles et ça fait du bien au moral. En 2016, l’océan Indien n’avait pas été cool avec nous mais au moins il y avait du vent. Cette année, c’est étrange, il n’y pas de vent. L’Indien est dur car on enchaîne les dépressions assez puissantes et les molles sans arrêt. Il y a deux jours, j’étais à 2 noeuds… La météo est très instable, elle change en 5 minutes, donc dès qu’il y a du vent, il faut en profiter pour avancer un maximum.
Cette nuit, et jusqu’à demain soir, on va être dans des vents plutôt faibles au portant. Il va falloir empanner et faire un peu de Sud pour aller en route presque directe vers le cap Leeuwin. Je devrais y être entre le 19 au soir et le 20 au matin.
Ça fait bizarre, on est en décalage complet avec les horaires TU. Hier à 16h TU il faisait nuit noire et à minuit il faisait jour, je n’arrive pas trop à m’y faire mais je continue de vivre en TU. Là, il est 4h30 du matin, c’est l’heure du café, alors que dans le coin c’est plutôt l’heure de manger. Je garde mon rythme européen. Je sors juste d’une petite sieste, le timing était parfait pour la vacation.
Ça arrive de faire des rêves assez bizarres. Il y a cinq jours, j’ai rêvé de Clarisse (Crémer). On était à Lorient, je venais d’arriver du Vendée Globe, alors qu’elle ça faisait quatre-cinq jours. Je la croise en plein hiver, elle est en short et t-shirt, elle est bronzée, cramée par le soleil, je lui dis « Salut Clarisse ! » et elle me snobe. Jusqu’au moment où je lui dis « Ce soir on fait une fête, il y aura de la bière à gogo » et elle me dit « Cool, j’arrive ! ». Voilà, fin du rêve. Pour de la bière, elle voulait bien me parler ! (rires).
Je suis content de refaire des vitesses cohérentes avec mon bateau car je souffre depuis le début de ce manque de vent et de vitesse. C’est dur parce qu’on a beaucoup bossé sur le bateau, on sait qu’il va vite mais je n’ai pas encore eu les conditions pour tirer dedans. Maintenant qu’il y a un peu de vent, tout le monde me dit « Oh la vache tu vas vite ! ». Donc oui, le bateau marche bine,,il n’y a pas photo. Je suis content, ça me rassure de voir qu’on a fait des choix qui ne sont pas si mauvais, que le bateau avance bien, maintenant il va falloir tirer fort jusqu’à la fin pour essayer de recoller un peu. Mais je suis chaud patate, le moral est meilleur, j’ai repris pas mal de milles ça a bien tartiné, je suis assez content de moi !
J’ai eu un peu de bricoles pendant la phase sans vent, j’en profite quand il n’y a pas de vent, j’ai de quoi faire mais rien de dramatique. Le bateau est opérationnel à 100%, que ce soient les voiles, la coque, les bouts, l’ensemble du bateau est impeccable. Il y a forcément quelques points d’usure qui méritent d’être contrôlés avec, de temps en temps, des petites réparations, mais je suis très content de la préparation du bateau. Ce n’est pas dans l’air fort qu’il souffre le plus, c’est plutôt dans les phases de molle, on ne se rend pas toujours compte. Et comme La Fabrique a eu toutes les phases de molle de ce Vendée Globe, elle a beaucoup souffert mais elle tient encore debout donc je suis assez fier de mon bateau ! »
Alan onboard La Fabrique, during the organisation vacation on December 16th.
Image d'illustration © Pierre Bouras / La Fabrique