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Alan et Simon : Portraits

17.10.2023

Alan ROURA

Ce sont des scènes où les larmes se mêlent toujours aux sourires, où l’intensité de l’instant emporte tout. Au fil des années à quitter puis retrouver les pontons, Alan Roura a habitué les passionnés à le voir laisser éclater son émotion, à leur montrer l’étendue des sensations et des sentiments qu’emportent au large les femmes et les hommes de mer. 

Un partage sans concession, sans retenue, un visage qui s’illumine et qui dit tout le bonheur d’être là, participant à ces aventures des temps modernes et à ce mano a mano avec les océans. 







Parti enfant, rentré adulte 

La mer, ses caprices, sa beauté et son exigence font partie de son jardin. « C’est bien plus qu’une passion, c’est ma vie » confie-t-il simplement. C’est aussi un héritage familial, une enfance passée davantage sur les ponts des embarcations que sur terre. La famille emménage ainsi sur un bateau amarré au lac Léman dès ses 2 ans, puis s’élance dans un tour du monde à bord de la Ludmilla, un voilier de 12,50 m. 

Des Caraïbes au Pacifique, l’école buissonnière devient école de la vie. Il y a la découverte de cultures, de savoir-faire et de l’océan, toujours, la nécessité de s’y adapter et de faire face aux imprévus. Le périple durera bien plus longtemps que prévu, onze ans au total. « Je suis parti enfant et rentré adulte » s’amuse Alan, qui n’a jamais été scolarisé mais conserve précieusement tous les souvenirs qu’il a constitués. « En mer, chaque moment est unique. Le lever du soleil, la forme des vagues, l’atmosphère... Chaque journée est à croquer à pleines dents ». 

De l’envie de bien faire à la volonté de performer 

À l’orée de l’adolescence, alors que naissent les désirs d’avenir et d’émancipation, le Suisse, lui, aspire au solitaire. « Je ne voulais plus naviguer sur le bateau des autres » confesse-t-il. Son souhait ? Participer à la Mini Transat, la transatlantique aux allures de rite initiatique avec ses monocoques de 6,50 m. Après un long apprentissage dans les Antilles, une traversée épique avec son père dans le Pacifique puis un retour en Europe, le rêve prend forme. 

En 2013, Alan, 20 ans, embarque pour cette course à bord de la plus vieille embarcation et avec le plus petit budget de la flotte. Se dessinent déjà les points forts de ce qu’il prouve depuis dans toutes les grandes compétitions : une capacité de résistance, un sens de l’adaptation extrême, une abnégation à toute épreuve et cette volonté de vouloir bien faire qui le pousse à tirer toujours le maximum et le meilleur de ses bateaux. 

Au gré des saisons, il y a une première Route du Rhum dans des conditions dantesques (2014) puis le Vendée Globe à deux reprises. Plus jeune skipper de la flotte, fierté de tout un pays, Alan se révèle aux yeux du grand public, se bat sans jamais renoncer. 

Après 105 jours de mer lors de l’édition 2016-2017, 95 jours quatre ans plus tard, il rentre dans le cercle très fermé des « finishers » de la plus prestigieuse des courses au large. Sa progression, jamais linéaire mais toujours enthousiaste, laisse ainsi entrevoir des rêves encore plus grands. 

En route vers le Vendée Globe 2024 

Alors Alan décide de poursuivre l’aventure en changeant d’univers et de dimension. Grâce à l’implication de son nouveau partenaire Hublot, il acquiert l’ex- Hugo Boss, l’un des bateaux les plus spectaculaires du moment, un pur-sang du large imaginé par le Britannique Alex Thomson. Partageant le même goût pour l’aventure, le dépassement de soi, l’audace et l’innovation, Alan et Hublot mettent donc, ensemble, le cap sur la prochaine édition du Vendée Globe, en novembre 2024. 

D’ici là, chaque course, chaque entraînement, chaque réflexion seront menés dans l’objectif de disposer d’une préparation la plus optimum avant ce tour du monde tant attendu. Le challenge est relevé et Alan sait que rien ne sera facile. Après une première saison de prise en main et une participation à la Route du Rhum qui lui a permis de se qualifier pour le Vendée Globe, le Suisse débute en 2023 une nouvelle phase destinée à monter en puissance, à maîtriser à la perfection tous les réglages et à gagner en expérience. La Transat Jacques Vabre, entre Le Havre et Fort-de-France (Martinique) sera ainsi une étape déterminante, à près d’un an du plus mythique des tours du monde. 



Simon KOSTER

Il en a terminé au cœur de la nuit, fin novembre 2022, dans la torpeur des Caraïbes. Son visage est marqué par la fatigue et la bataille qu’il vient de livrer. Simon Koster est rincé, fatigué, exténué mais un large sourire barre son visage : le Suisse vient de boucler sa première Route du Rhum en Class40 à la 4e place, 15 heures seulement derrière le vainqueur. « J’étais à fond tout le temps, je n’ai même pas eu le temps de bricoler », sourit-il. La douceur de son regard et sa sérénité communicative, à terre, laissent en effet place à un autre visage une fois au large. 

Concentré, déterminé et doté d’une sacrée ténacité, Simon Koster est de ces besogneux qui ne lâchent rien en mer, de ceux qui sont capables de résister aux affres du temps, à la fatigue et à la bataille iodée jusqu’au bout. 



La grande aventure Mini et l’apprentissage express

Depuis ses jeunes années, le Zurichois multiplie les courses et les régates, d’abord en dériveur, avant de devenir équipier en régates, du Solent jusqu’aux Antilles, où s’éveillent ses envies de large et de compétition. Une traversée de l’Atlantique en convoyage à bord du Class40 de Sam Goodchild finit de le convaincre. Alors il se jette dans la grande aventure : disputer la Mini Transat à bord d’un bateau de 6,50 mètres, course sans communication qui a forgé tant de champions, qu’il termine en 3e position du classement des bateaux de série. C’est là qu’il rencontre Alan Roura pour la première fois, en 2013. Audacieux, Simon dispute une autre « Mini », en proto cette fois, avec le premier Mini à foils (7e en 2015). Il tente une troisième fois l’aventure, sans foil cette fois-ci, et termine sur le podium au général (3e en 2017). 

La suite s’inscrit sous la bannière suisse  avec son compatriote romand Valentin Gautier. Associés en Class40, ils s’offrent une belle 4e place sur la Transat Jacques Vabre 2019, quelques semaines seulement après la remise à l’eau de leur bateau neuf, et s’adjugent l’année suivante la victoire sur la Normandy Channel Race. Peur leur dernière course à deux, ils terminent 2es de la Transat Jacques Vabre 2021.  

La suite, il la dispute en solo à bord du même Banque du Léman avant de rejoindre le projet d’Alan Roura. D’abord avec sa casquette d’ingénieur en électronique, intervenant régulièrement lors des chantiers d’hiver de l’IMOCA Hublot, puis en tant que navigant en devenant co-skipper pour la saison 2023. « Alan est un passionné, un excellent marin et il a toujours envie de prouver qu’il peut faire mieux ». Une description qui lui correspond totalement à lui aussi, la culture et la recherche de la performance depuis plusieurs années en plus. Comme si les deux Suisses se plaisaient à nourrir les mêmes aspirations, au sein d’une association où chacun complètera l’autre, pour tout donner. 




Photos © Jean-Louis Carli / Hublot 



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