Tic-tac, tic-tac… la pression n’aura pas pris le pas sur la concentration ! S’élançant ce dimanche 10 novembre sur son troisième Vendée Globe, Alan Roura a fait parler toute son expérience et son sang-froid en coupant la ligne parmi les premiers bateaux, 1 minute et 38 secondes seulement après le signal de départ de 13 h 02.
Sa montre était décidément bien réglée ! Malgré des conditions de vent particulièrement faibles et peu propices à lancer à pleine vitesse son IMOCA Hublot, Alan Roura a réussi à franchir la ligne de départ du Vendée Globe en douzième position, montrant ainsi toute sa détermination à l’heure de partir sur son troisième tour du monde sans escale et sans assistance.
Les dernières minutes avant la délivrance avaient pourtant été longues pour les marins encore sous le coup de l’émotion de la descente du chenal, accompagnés par les quelque 350 000 curieux et passionnés présents aux Sables d’Olonne... Dans cette forêt de mâts inédite avec 40 concurrents au départ, au milieu des centaines d’embarcations venues profiter du spectacle sur l’eau, il fallait rester bien alerte pour ne pas risquer une collision ou une mauvaise manœuvre !
Heureusement, la météo s’est montrée clémente avec les solitaires en ce dimanche si particulier pour eux, leurs équipes et leurs partenaires. Cinq à sept nœuds de vent seulement dans la baie des Sables d’Olonne, une mer plate : de quoi entrer en douceur dans ce début de course, qui avait presque un petit air de départ du Bol d’Or sur le Lac Léman. Presque trop puisque, aux côtés d’autres foilers de dernière génération, Hublot restait presque à l’arrêt dans les minutes qui suivaient, ne progressant que d’à peine 3 milles en près de trois heures de course.
Patience étant toutefois mère de vertu, et le Suisse n’en étant pas dépourvu, son choix pour une route au nord finissait par porter ses fruits lorsqu’au classement de 16h, Hublot était remonté en 15e position et filait à une dizaine de nœuds.
Ces vents faibles devraient continuer de se renforcer dans les prochaines heures, au moment de s’éloigner de la côte en gagnant encore dans l’ouest, et seront bientôt synonymes de vitesses toujours plus élevées. Mais aussi de nombreux changements de voile à venir pour Alan Roura, parti sous grand-voile haute, grand gennaker et J3.
« Il va y avoir beaucoup de boulot, mais je suis serein, j’ai la tête au clair sur ce que j’ai à faire. Je suis prêt », avait lancé le marin suisse de 31 ans à ses équipiers du Hublot Sailing Team, quelques minutes avant qu’ils ne quittent l’IMOCA et le laissent seul face à lui-même, à ses choix et à son destin.
Quoi qu’il arrive dans les prochaines semaines, le marin de 31 ans, en prenant le départ de son troisième Vendée Globe consécutif, est déjà bel et bien entré dans la légende du sport helvétique, et de cette course mythique dont seuls 114 marins, en trente-cinq ans d’existence, ont réussi à couper la ligne d’arrivée.
Photo © Jean-Marie Liot / Aléa / Vendée Globe