Ça faisait longtemps que je n’avais pas pesté à bord ! Je crois que là, j’ai atteint le top de la tension dans mon petit corps. J’ai encore des ongles et des cheveux, mais heureusement le vent semble revenir petit à petit.
On dit toujours : « Plus on est de fous, plus on rit ! », et donc que ce n’est pas bien grave que le groupe de derrière revienne. Mais si, si c’est « grave » ! J’avais quasiment 1 000 milles d’avance sur Benjamin, je peux vous dire que j’ai un peu les boules là… Sans parler de mes deux amis du Sud, Isa et Giancarlo. Et Jean : hier matin, on était à prendre le café ensemble, et là il nous a tous collé un caramel.
Purée c’est dur de se dire que tu as bataillé et pris parfois des risques pour ne pas avoir gagné grand chose au final. Ça part toujours par devant qu’ils disent… Ça dépend pour quel groupe on va dire !
Il ne faut pas perdre plus d’énergie là-dessus, j’en ai déjà trop dépensé. Maintenant, il faut réussir à ne pas regarder les bateaux autour et juste faire son chemin.
La bonne nouvelle, c’est que vu le manque de sommeil, j’ai bien avancé sur mon livre à suspense « Sarek » de Ulf Kvensler : c’est pas mal pour le moment. Ça vide un peu la tête, ça fait du bien.
J’en ai aussi profité pour affaler ma grand-voile et faire des patchs de renforts sur certaines zones de frottement. J’en ai aussi ajouté sur mon J3, ma petite voile. Je l’avais réparé rapidement au cap Horn, mais je voulais essayer de faire un truc plus sérieux. Ça ne ressemble à rien, on dirait un enfant qui a fait du collage de gommettes, il y en a un peu partout !
Voilà l’ambiance du bord, un peu de déception à l’instant T, vite oubliée par ce que l’on vit à bord : les paysages, le bateau qui glisse sur l’eau plate, une petite musique, un peu de bricolage… c’est superbe !
Ne manque plus qu’un peu de vent maintenant, histoire de reprendre du service car le petit temps, ce n’est vraiment pas le fort de mon petit bateau. Pourtant, je n’ai pas chômé pour le faire avancer !
Photo © Vincent Curutchet / Aléa