Il est peut être tard pour le message du bord mais ici il n’y a plus vraiment d’heure, de jour ou de nuit. Dernièrement, les journées sont clairement interminables. Entre les deux jours sans vent où j’ai vu fondre toute mon « avance » et plus de 24 heures dans la foulée, passées en mode mécanique sur mon groupe électrogène qui faisait des siennes.
Et bêtement aucune envie de ralentir pour bricoler donc j’étais là, à 18 de moyenne avec des pointes à 25 noeuds, couché dans mon fond de cale à essayer de démarrer ce p** de moteur de m*.
Pourtant je le connais ce groupe, ç’a déjà été « Je t’aime, moi non plus » avec lui ! On se connaît assez pour que, normalement, je sache quels sont ses petits défauts. Mais là, rien, il ne voulait rien savoir !
J’étais en contact avec mon équipe à terre pour essayer de trouver une solution mais en attendant, sans un rayon de soleil par ici, les panneaux c’était raté, et j’ai donc dû installer mon hydro-générateur de « secours » dimanche soir. Il m’a fallu du temps pour le faire marcher. Je n’ai plus toute ma tête en ce moment et c’était la première fois que je le mettais en place de A à Z à ces vitesses là.
C’était hyper stressant pour tout vous dire parce que le groupe, c’est mon moyen de charge n°2 à bord, en cas de panne de soleil. Et là, jusqu’au cap Horn, je ne vais pas avoir beaucoup d’ensoleillement, voire pas du tout. Donc sans groupe, j’ai intérêt à être sûr que mon hydro fonctionne tout le long, ce qui reste plus imprévisible que fiable… Car autrement, un IMOCA sans énergie, et bien ça ne navigue pas. Du moins, pas en solitaire. Donc j’étais un peu tendu, bien que convaincu qu’avec l’équipe à terre, on allait réussir à le faire fonctionner, ou au pire brûler des cierges pour avoir de l’énergie jusqu’à bon port.
La bonne nouvelle, c’est que malgré tout ça, malgré l’odeur de diesel ambiante, j’ai bien avancé depuis 24 heures ! Je suis un peu revenu sur ceux qui s’étaient fait la belle sans moi l’autre jour ! J’étais un peu vexé j’avoue… C’est le yoyo moralement, tout comme sportivement, alors il ne faut rien lâcher et rester droit dans ses bottes, avec un objectif réaliste et le plan d’action qui va avec. L’objectif ? Rattraper ceux de devant. Le plan ? Foncer !
Photo © Vincent Curutchet