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Vendée Globe : Message du bord - Jour 40

2 days

Je n’ai aucune idée de l’heure qu’il est dans ces dernières heures dans l’océan Indien. Le jour est presque tout le temps là, même si les nuits me paraissent interminables, surtout quand je n’arrive pas à fermer l’œil. Je suis allongé sur mon lit, emmitouflé dans mon sac de couchage parce qu’il fait un froid glacial à bord. On pourrait croire que je suis une chipolata sur un barbecue, secoué en permanence.

On oscille entre le guili-guili dans le ventre quand le bateau redescend une vague en vol et la claque en pleine figure quand il atterrit brutalement. Au final, même si ce n’est pas confortable, peu importe : c’est bon d’être là, à fond, avec ce super bateau !

Depuis hier, les conditions sont vraiment idéales pour aller vite. Dans notre petit groupe, c’est un peu le concours de celui qui ira le plus vite, en mode débiles ! Après des semaines à freiner pour préserver le matériel, on a le pied au plancher. Résultat ? J’ai fait 530 milles en 24 heures. Ce n’est pas mal du tout, il y a toujours moyen de faire mieux, mais je suis content de moi.

Je sens que le bateau est vivant, équilibré et léger, il file sans effort. Je n’ai pas besoin de forcer avec trop de voiles, ça passe tout seul.

Moi, par contre, je crois que j’ai perdu quelques neurones cette nuit. J’ai pris mon café avec Claude François en boucle, les yeux dans le vide à sourire et à chanter « Belle belle belle » ! Les joies d’être en mer en solo !

Je vais passer dans le Pacifique la nuit prochaine. Une sacrée étape, et je suis super excité à l’idée de retrouver cet autre grand océan. Avant ça, on a une transition de vent à gérer, et ça ne va pas être simple. La météo n’est absolument pas d’accord et raccord avec la réalité, donc ça va se jouer au feeling. Vu le cap des copains à côté, tous semblent penser pareil. 

Mon routage me faisait passer au ras de la côte, devant Hobart, puis au sud de l’île du Sud de la Nouvelle-Zélande. Un grand détour pour éviter du petit temps.

Je ne sais pas ce que j’ai, mais je suis super chaud et heureux. Comme quoi, dès que ça avance, le moral remonte en flèche ! J’ai même réussi à mettre Jean derrière pour le moment, alors que Giancarlo pousse fort derrière. Il a dû sentir l’odeur des pasta à bord de Hublot ! 

Ce qui me réjouit, c’est que pour la première fois depuis le départ, j’ai des conditions qui me permettent de tenir des moyennes similaires à ceux du groupe de tête. C’est con d’être si loin, mais ça fait plaisir quand même.

Je vous laisse, pas pour dormir car ça, c’est peine perdue, mais pour continuer à faire avancer ma "Rasta Rocket" !




© Jean-Louis Carli



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