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Vendée Globe : Message du bord - Jour 27

06.12.2024


On dit que l’océan Indien ça se mérite ? Je le confirme ! Ça commence à être long de naviguer dans cette mer impraticable. Sans compter le vent qui passe de 20 à 40 nœuds, c’est bien sport. 

Je viens de rouler le Jib Top (petite voile de gros temps), pour passer sous J3 (voile encore plus petite). J’essaie de stabiliser le bateau à environ 17 nœuds de moyenne. Juste plus rapide que certains, mais surtout en mode sécurité. J’ai fait des plantés dans les vagues comme jamais. Je ne sais pas comment le bateau est encore en un seul morceau, et le mât toujours sur le pont. 

J’ai tellement veillé que je me suis effondré de sommeil ce matin. Pas longtemps, mais de quoi avoir un bon filet de bave. J’étais à bout de forces mentales et physiques. C’est surtout le mental qui prend de la place sur le physique. Quand vous voulez vous déplacer, mais que votre tête fait le calcul des risques du point A au point B, vous n’avez plus vraiment envie de bouger votre corps dans le bateau… Du coup physiquement, vous n’osez même pas. Et si vous tentez le coup : « allez, je vais me faire à manger quand même ! »… ça finit par terre. 

Alors, je vais essayer de relativiser : « ahhh ça va se calmer bientôt ! ». Eh bien non, le vent va monter et la mer aussi. Ce n’était qu’un avant-goût. Il faut être solide là. J’ai trouvé une route « un peu plus moins mauvaise » par le nord. Dans tous les cas, je vais avoir besoin de temps plus calme pour bricoler mes systèmes de safran, qui hier encore me faisaient un bruit toutes les minutes. Là, c’est quasiment sans arrêt. Je ne peux rien faire pour le moment, la mer est trop forte. C’est assez dur car quand le bateau part en survitesse, le jeu dans les safrans fait que j’ai le cul du bateau qui fait un peu sa vie… Allez, on dit une emmerde par jour, non ? 

Après c’est cool, j’ai réussi à bien recoller Jean, on est bientôt bord à bord et Isabelle n’est plus très loin. C’est cool d’avoir recollé aux autres. Damien n’est qu’à environ 400 miles. Ça va dépendre des systèmes météo que l’on va rencontrer. Ça semble compliqué pour tout le monde ce p***** d’océan Indien !

Dès que l’assignation forcée sur le siège de veille sera levée, j’irai faire un tour de la structure du bateau car il prend cher le petit bonhomme là. J’imagine la compression de la coque quand elle entre dans l’eau à 35 nœuds et s’arrête quasiment net, les efforts dans le gréement… C’est ridicule ce que l’on fait. Mais comment veux-tu arrêter un bateau de course ? Déjà, c’est fait pour aller vite et en plus tu es en course. C’est celui qui freine le moins qui gagne des places, mais bon il ne faut pas non plus être la tête brûlée qui casse tout. Là j’ai 40 nœuds et j’ai l’impression d’être dans 55 nœuds, alors un petit dos rond ça ne fait pas de mal parfois.












Photo © Vincent Curutchet



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