J’ai à nouveau à l’intérieur une hideuse odeur de crustacés, c’est infect et je pense que c’est un truc bloqué dans le puits de quille… Pour ceux qui pensent que ce sont mes chaussettes, ça ne risque pas car j’ai utilisé une paire que j’ai ensuite lavée ! Blague à part, c’est un paysage que je n’avais pas encore rencontré dans cette zone géographique. Vraiment, aucun Vendée Globe ne se ressemble ! Le ciel est un doux mélange entre ciel bleu magnifique, où les panneaux solaires se régalent, et en dix minutes c’est une brume/pluie qui vient envahir le plan d’eau. On se croirait en Bretagne, sauf qu’ici on est sans arrêt en short !Il y a des moments dans la journée où c’est un régal : la mer est bien plate, le vent monte à 14 nœuds et le bateau est lancé à 22 nœuds. Puis quelqu’un appuie sur bouton off et tout s’arrête. Ça fait des moyennes de vitesse assez étranges et surtout, ça n’est pas super reposant. Je passe ma journée à remplir le ballast et le vider, border, choquer, etc. Du coup, quand j’ai un moment de repos, je monte sur le pont pour regarder autour, voir la grandeur de l’océan. Au loin derrière, je vois une petite voile qui petit à petit devient floue à l’horizon. C’est drôle de se retrouver à vue, au beau milieu de l’Atlantique ! C’est assez motivant car tous ces bateaux étaient devant il y a quelques jours. Le temps est quand même long, même s’il n’y a pas beaucoup de pauses : c’est toujours le même bord, la même allure, les mêmes voiles, et ça depuis des jours et des jours. Vivement un peu de changement et d’action !Sinon, le pont est un cimetière à poissons volants, j’en ai partout ! Mais sinon je ne vois pas d’oiseaux ou autres bêtes du large. J’ai hâte de retrouver mes copains les albatros dans le Sud. Ah ça, vivement le Sud ! Même si on n’y est pas encore rendu…
Photo © Jean-Louis Carli / Aléa