Ça y est, Stéphane est revenu sur moi. C’est ce que je craignais depuis plusieurs jours, sans pouvoir y faire grand chose. On a discuté une petite heure à la VHF, ça fait du bien. Il m'a confirmé que je n'avais pas trop le choix que de me prendre Sainte-Hélène, j'avais un petit retard sur Clarisse et ça m'a coûté cher. C'est la vie.
Maintenant il faut regarder devant et foncer. On est d'accord qu'il ne faut pas regarder dans le rétroviseur car ça revient très vite derrière. Trop vite. Alors pour le moment, on fonce tête baissée. C’est une bonne chose de ne pas être seul, ça va nous pousser les deux, à aller plus vite que l'autre et donc à augmenter nos performances. En mode match race.
On tient à peu près les mêmes vitesses, sauf quand l’un a plus de vent que l’autre. On n’a pas exactement les mêmes voiles non plus, donc selon les conditions, c’est mon challenge de le tenir. Depuis ce matin, je ne le vois plus et ne le capte plus à la VHF. Il était plus Nord que moi, ce doit être à cause de ce décalage là.
Sinon tout va bien à bord, j'ai essayé de me reposer, j'ai cumulé 4 heures de sommeil la nuit dernière, ce n’est pas si mal. Maintenant que j'ai un bateau à côté et la zone des glaces pas très loin, ça va être plus sport pour dormir.
J'attends chaque fichier météo avec impatience, pour voir la suite, même si on n’a toujours pas le vent prévu. Jusqu’à présent, on avançait plus vite et c’était tant mieux. J’avais même de l’avance considérable sur mon routage. L'objectif était de passer vite cette zone pour ne pas y rester bloqué encore trop longtemps et de chopper enfin un peu de vent aux îles Crozet. C’est encore loin, mais il fallait choisir une option assez rapidement. Si j’arrivais à passer, je n’aurais pas eu de près et ça glissait assez rapidement. Je réduisais donc mon retard sur les autres. Enfin, du moins, je ne perdais pas beaucoup plus de terrain. Mais ce matin, mon dernier routage m’indique qu’encore une fois, la chance n’a pas tourné en ma faveur… J'aurais espéré que ça change un peu, mais non. Raté pour cette fois, encore. Ce sera donc de la molle, de la molle et du près jusqu’aux Crozet. Clairement, ça va coûter cher…
Image d'illustration © Pierre Bouras / La Fabrique