Alan Roura, toujours 15ème du Vendée Globe, a doublé ce lundi à 8h13 (UTC) le cap Leeuwin, deuxième point de passage officiel du tour du monde en solitaire. Le skipper de La Fabrique aura mis 42 jours 18 heures et 53 minutes pour passer le cap australien depuis le départ des Sables d’Olonne, soient un peu moins de 15 jours depuis le cap de Bonne Espérance. Le jeune Suisse, benjamin de la flotte, devrait franchir la longitude du cap Sud de la Tasmanie, synonyme d’entrée dans l’océan Pacifique, dans quelque 72 heures.
Qu’il se languissait de cocher cette deuxième étape ! Après un océan Atlantique sans fin et un océan Indien particulièrement capricieux, Alan Roura aura-t-il droit à un océan Pacifique qui lui sera favorable ? On l’avait en effet laissé très affecté en fin d’Atlantique Sud, déçu de s’être fait décrocher par la tête de flotte. On l’avait ensuite retrouvé vaillant et souriant en milieu d’Indien, solide « leader » de sa flotte à lui, après une belle option météo au Nord des îles Kerguelen et des conditions dignes du grand Sud. « Hier je me suis fait une enfournée d’un autre monde, je n’étais pas très toilé et une vague de la taille d’un immeuble est arrivée, racontait-il samedi matin. Le bateau a planté jusqu’au cockpit. Je suis passé de 25 nœuds à 10 nœuds. » Le Pacifique continuera-t-il de combler les espérances d’Alan, en lui offrant encore d’autres belles conditions de navigation, propices aux hautes vitesses à bord de La Fabrique ? Rien n’est malheureusement moins sûr..
« Endurci mentalement »
Difficile en effet pour le p’tit Suisse de se réjouir, alors qu’une nouvelle zone de vents calmes pourrait bien guetter La Fabrique au Sud de la Nouvelle-Zélande. Avec toujours l’impossibilité de la contourner en raison de la zone des glaces interdite, ce qu’a bien compris le Genevois de 27 ans : « C’est éprouvant. Dès que je reprends du poil de la bête, que je remonte petit à petit, HOP, j’ai droit à une molle et tous ceux de derrière me reviennent dessus. Même Stéphane (Le Diraison) m'a écrit pour me dire ’Et bien, on va de nouveau se retrouver camarade !’ À ce rythme là, je vais me retrouver avec Superbigou ! » Superbigou, l’ancienne monture d’Alan en 2016, remarquablement menée par la Britannique Pip Hare, ne pointe désormais plus qu’à 400 milles du tableau arrière de La Fabrique. Et la suite n’annonce malheureusement pas plus de réjouissances pour son ancien skipper, avec une bonne partie de l’océan Pacifique à parcourir… au près. « C’est du jamais vu, confie Alan. Et ces conditions ne vont pas m’avantager. Ce Vendée Globe est décidément bien différent de mon premier ! » Alan n’en a donc pas fini de manger son pain noir, tandis qu’il envisage d’ores et déjà de se rationner, craignant de manquer de nourriture en fin de parcours. « Quand on voit que les premiers ont près d’une semaine de retard sur le chrono de 2016, je vous laisse imaginer mon temps de course à moi, explique-t-il. Au moins, je me serai encore endurci mentalement et j’en tirerai forcément de nouveaux enseignements qui me seront utiles pour le reste de ma carrière. » Toujours voir le bon côté des choses, l’éternelle marque de fabrique d’Alan Roura !
Passage le 21 décembre à 9h13 (TU)En 42 jours 18 heures et 53 minutes14 jours 17 heures 35 minutes depuis le cap de Bonne-Espérance.Avance sur 2016 = 1 jour 5 heuresRetard sur objectif des 80 jours : 9 jours 4 heures
Photo © Alan Roura / La Fabrique - #VG2020