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Souvenirs de globe

11.10.2024


31 ans et déjà deux tours du monde en solitaire au compteur. À moins d’un mois du départ de sa troisième participation consécutive, Alan Roura nous partage sa vision du Vendée Globe, course la plus exigeante, la plus harassante et la plus impitoyable au monde, ainsi que ses souvenirs de trois mois en mer à composer avec les colères du ciel et de la mer, aléas techniques, répétition des efforts et fatigue qui s’accumule en prime.

L’importance de l’expérience 

« Le fait d’avoir participé aux deux dernières éditions, ça permet surtout de ne pas refaire les mêmes erreurs, de s’aguerrir, de savoir mieux se préparer. Je ne suis pas quelqu’un qui vit sur ses acquis parce qu’avoir trop de certitudes, c’est l’assurance de finir dans le mur. Je ne repars pas d’une feuille blanche mais j’ai une idée de comment ça se passe en mer ! Ça permet de mieux se connaître, de savoir avec plus de précision ce qu’il faut en matière de nutrition, de sommeil, de préparation mentale. »

La gestion du temps long

« Avant, j’ai pu aborder le Vendée Globe en étant plutôt tranquille au départ en me disant qu’il fallait m’économiser pour la suite. Mais désormais, je suis persuadé qu’il faut y aller à fond, dès le départ. Ce n’est pas grave si le bateau perd en performance progressivement. En revanche, on sait que ceux qui sont devant au départ le sont très souvent à l’arrivée. Il faut donc tout faire pour progresser avec ‘la poignée dans le coin’ en étant focalisé uniquement sur le fait de tout donner. » 

Le mental, point clé du départ

« Ce qui est essentiel avant le ‘top départ’, c’est d’être dans un bon état d’esprit et dans une forme de maîtrise aussi. Il faut bien connaître la procédure, savoir à quel moment les membres de l’équipe technique débarquent… Plus tu maîtrises ce qui précède, plus tu te focalises sur les aspects sportifs uniquement. »  

Les mers du Sud

« Si je retourne au Vendée Globe, c’est pour me rendre dans le Grand Sud ! J’aime la joule, le jeu des dépressions, l’immensité des paysages, la beauté, la solitude que ça implique, l’impression d’être en mode survie… Ce sont des souvenirs qui restent à vie. Il y a peu de marins dans l’histoire qui l’ont traversé, surtout à bord de ces bateaux si petits dans l’immensité de l’océan. »



Vendée Globe 2016-2017, 105 jours (12e)

« Tout ce que j’avais imaginé était arrivé » 

Pour sa grande première au Vendée Globe, Alan Roura, 23 ans, subit son lot de galères. Il raconte : « arrivé vers le point Nemo, je me suis dit : ‘si tu dois casser, fais-le n’importe où mais pas là’. Et c’est à ce moment-là que je percute un Ofni ». Le choc est brutal, le safran tribord est arraché, une voie d’eau s’immisce et Alan commence les réparations malgré les 45 nœuds de vent. Il lui aura fallu plus de six heures pour vider l’eau du bateau. « L’ordinateur flottait, les outils étaient un tas de rouille, de la nourriture était trempée… » Alan tient bon, toujours. Dans la remontée de l’Atlantique, le winch du mât s’arrache. Là encore, il fait preuve d’une sacrée capacité de résistance et franchit la ligne après 105 jours de mer. « À mon arrivée, toutes les cases avaient été cochées, tout ce que j’avais imaginé était arrivé ». 

Vendée Globe 2020-2021, 95 jours (17e) 

« Tu essaies en permanence de t’adapter » 

Pour sa deuxième participation, Alan Roura n'est pas épargné non plus. Pendant la moitié de la course, il doit composer avec un problème de quille qui diminue le potentiel de son bateau de 15 à 20%. « Il fallait constamment veiller à garder de la stabilité grâce aux réglages, aux voiles et aux ballasts ». Une nouvelle fois, Alan compose avec les aléas et « essaie en permanence de s’adapter ». Il tient bon, s’accroche et progresse jusqu’au bout. Au fil de ce tour du monde, il s’offre un duel avec Stéphane Le Diraison. Deux ans plus tôt à la Route du Rhum, Alan avait franchi la ligne 4 minutes plus tôt que Stéphane. Là, c’est Le Diraison qui prend les devants au Cap Horn avant que les deux hommes ne se retrouvent au coude-à-coude à l’arrivée. « C’est à chaque fois un coup à lui, un coup à moi », sourit Alan. Dans la dernière ligne droite, le Suisse met la pression sur son adversaire direct qui finit par faire un mauvais choix. Alan passe devant et termine 2 heures et 6 minutes devant son rival. De quoi savourer une « jolie petite victoire » à l’issue d’une course aussi éprouvante qu'haletante.



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