C'est un Alan Roura marqué qui s'est exprimé aux micros de l'organisation de la Route du Rhum - Destination Guadeloupe, lors de son arrivée au ponton du Mémorial ACTe de Pointe-à-Pitre. Visiblement épuisé et déçu de sa performance, le jeune skipper de 29ans ne s'est pour autant pas défait de son sourire si caractéristique ni n'a oublié de souligner les points positifs de sa traversée. Morceaux choisis.
« C’est l’une des courses les plus dures que j’ai faites, nous avons eu des conditions pas simples du tout en termes de stratégie. Les conditions de mer étaient très difficiles. Je retiens aussi qu’il y a du match tout du long, peu importe où on se situe.
Ce résultat est forcément une grosse déception, c’est dur, je sens qu’il y a un truc qui n’est pas fini. J’ai passé des heures et des heures à essayer de comprendre, à changer les voiles, à changer les réglages, à un moment donné je me suis dit je bute, je n’ai pas encore le mode d’emploi dans toutes les conditions. C’est hyper dur quand les autres passent à côté et te fond coucou… Tu as une super machine et tout le monde t’attend au tournant. Ce bateau il faut vraiment l’apprendre, on s’est préparé toute l’année à faire du près, du coup finalement, au près j’ai presque sauvé les meubles et au final je n’ai pas fait assez de portant pendant l’année et on a fait quand même pas mal de portant sur la course.
Les alizés n’étaient pas très bien établis, la mer était formée : le bateau n’a pas volé une seule fois au portant, il était sous l’eau tout le temps. Je n’ai pas vraiment vu son potentiel et je suis frustré de cette expérience. Je ne suis pas venu pour ça et en fait il y a des options qui se sont faites et je n’ai pas été assez fou, ou je n’ai pas tenté assez de trucs, j’ai été trop sérieux et je me suis retrouvé dans la molle pendant 2 jours, à faire coucou aux copains.
Je reste très content d’être là, le bateau est intact, pas un souci technique à bord. C’est quand même sa première transantlantique, ce n’est pas mal. Toute la course je me répétais : « C’est ma onzième transatlantique en course et c’est celle où j’ai le plus de déception alors qu’au départ, c’était la seule où je me sentais vraiment prêt ». C’est ça qui est fou.
Le bateau m’a tapé dessus tout le long, même avant-hier je buvais un café et la BAM, je me prends la cloison et je traverse le bateau. Je l’ai fait 10 fois comme ça. Ce sont des bateaux qui sont hyper brusques. Ce qui est étonnant au final dans cette transat, quand on regarde les vitesses pure, ce sont les bateaux à dérives. Il y a le peloton des 7 premiers et après tout le monde est regroupé et là tu as des bateaux beaucoup plus doux. Mais c’est vrai que certains sont quand même hyper durs : quand ça va vite, ça va très, très vite. »
Photo © Vincent Curutchet / Hublot