Après déjà 10 ans de carrière et autant d’années à se construire seul, fidèle à son parcours d’autodidacte, Alan Roura a grandi. À 30 ans, le Genevois a en effet renforcé son cercle, s’entourant de nouvelles compétences et de profils d’experts qui l’accompagnent, au quotidien, dans sa quête de performance. Ce sont eux alors, les mieux placés, pour nous parler du jeune marin et de sa transformation progressive.
« Alan, c’est un ami. On s’est rencontrés en 2012-2013 sur le circuit Mini 6.50. C’est quelqu’un qui est ouvert, souriant, une personnalité qui a le cœur sur la main, un vrai passionné.
En tant que marin, on sent rapidement qu’il a passé beaucoup de temps en mer, dans les ports, sur des bateaux. Il a un feeling à part avec les bateaux, un don pour les ressentir, pour trouver le bon équilibre au large, ce qui est indispensable en voile.
Alan a dédié sa vie à suivre ses rêves et je trouve ça génial de s’engager jusqu’au Vendée Globe, un challenge à la fois incroyable et très complexe. J’aime naviguer avec lui, m’inspirer de ses points forts et voir sa détermination pour aller au bout tout en veillant au bonhomme et au bateau. »
« Changer de perception »
« Sur ce type de bateau, on navigue assez peu donc il convient d’optimiser ce temps au maximum. Alan a un ressenti très fin et très développé du bateau. L’idée, c’est de passer des sensations aux chiffres, d’avoir une approche davantage scientifique et pragmatique, d’avoir des repères techniques précis en fonction des conditions. Nous avons mis en place tout un programme pour accompagner ce changement de perception et progresser. »
Son regard sur Alan : « Il est plus difficile chez d’autres skippers de faire comprendre que la voile reste un sport de sensations. Alan est un très bon marin, particulièrement consciencieux, qui sait vraiment ressentir son bateau et le comprendre. Il a entrepris un travail conséquent afin de réorganiser sa structure et son équipe autour de ses besoins, afin de pouvoir se concentrer sur la navigation, les réglages et l’optimisation. »
« Se donner à fond, ça fait partie de lui »
Sa mission : « L’objectif premier, c’est de tout faire pour qu’Alan ne se blesse pas. Les bateaux sont de plus en plus exigeants pour le corps. Les chevilles, les genoux, les hanches et la colonne vertébrale sont soumis à rude épreuve. Par ailleurs, le corps doit être prêt à un effort très soudain, notamment quand il est en action juste après être réveillé. Nous réalisons 2 à 3 séances par semaine, avec beaucoup d’exercices de cardio-training, de renforcement musculaire et de vélo aussi. »
Son regard sur Alan : « Nous travaillons ensemble depuis 2017 et Alan se dépasse à chaque séance. Il a progressé dans sa capacité à bien récupérer après les manœuvres et à être plus tonique, plus explosif. Se donner à fond, ça fait partie de son tempérament. Il donne toujours le maximum, à terre comme en mer ! »
« Un autodidacte devenu “performer” »
Sa mission : « Avec Alan, nous travaillons sur la capacité à mieux définir son leadership, à la fois à terre en tant que chef d’entreprise et en mer, en tant que skipper. Grâce à l’imagerie mentale notamment, on s’appuie sur des techniques pour gérer le stress, se relâcher, se détendre afin qu’il puisse avoir confiance en lui et en ses décisions en toutes circonstances. »
Son regard sur Alan : « Le travail qu’on a mis en place lui permet de donner davantage de sens à son projet, de savoir dans quelle direction aller tout en étant plus serein au quotidien. C’est un autodidacte devenu «performer». Mais pour assurer ce rôle, Alan a besoin d’une motivation profonde, de comprendre et de ressentir tout ce qu’implique son aventure. Il a une capacité à repousser ses limites, à constamment se fixer des objectifs pour continuer à progresser. À nous de trouver la bonne formule, l’alignement idéal entre tous les aspects qui contribuent à sa performance globale. »
« Organiser ses phases de récupération »
Sa mission : « Pendant longtemps, on pensait à tort que les skippers devaient être des gladiateurs des mers qui pouvaient être fatigués à l’extrême. Or, une bonne gestion du sommeil et une récupération adéquate sont des gages de performance. Lors de chacune des sorties en mer d’Alan, je mesure son sommeil. L’idée, c’est d’identifier ses propres besoins et d’améliorer certains aspects. Il y a des pistes de réflexion pour la position de la bannette, pour remédier au manque de lumière à l’intérieur, se préserver du bruit... »
Son regard sur Alan : « Alan s’est forgé au large hors des sentiers battus. Sa vision globale de ses besoins a donc dû évoluer, la gestion de soi n’est plus la même à bord de son nouveau bateau. Afin d’être plus performant, je l’encourage à observer et analyser chaque facteur de son état de forme, pour mieux les comprendre et donc les améliorer. En matière de sommeil, Alan a besoin d’organiser davantage ses phases de récupération. Je le sens très engagé dans le sujet et on perçoit en permanence sa volonté de progresser dans tous les domaines. »
Photo © Vincent Curutchet / Hublot