Il y a toujours, chez Alan, l’humilité de ceux qui débutent. Cette impression qu’il reste ce gamin aux « yeux qui brillent » devant les marins qui ont habité ses rêves de jeunesse. Aujourd'hui skipper IMOCA parmi les plus expérimentés du plateau de ce Vendée Globe 2024 (22 courses du circuit au compteur), il raconte celles et ceux qui l’ont inspiré avant de devenir, à son tour, l'une des figures marquantes de la course au large.
« J’avais 8 ans et nous arrivions aux Canaries avec le bateau familial. Nous étions sur une petite île à côté de Lanzarote et nous avons aperçu les concurrents de la Mini Transat. On a remonté toute la flotte avant de débarquer sur le port où il y avait le village. Je me souviens du regard des marins, le sourire jusqu’aux oreilles, des rêves plein la tête… Parmi eux, il y avait Yannick Bestaven, Arnaud Boissières, Samantha Davies, Boris Herrmann ou encore Antoine Cornic. J’étais à des années lumières de penser qu’ils seraient un jour mes adversaires en course. La certitude, c’est qu’à ce moment-là je me suis dit : ‘un jour, je ferai ça’ ! »
« J’ai un souvenir précis de ce petit bout de femme, une image d’elle en haut de son mât. C’est elle qui m’a donné envie de faire de la course au large. Lors du Vendée Globe 2000-2001, on n’avait pas Internet pour suivre le Vendée Globe. Mais il y avait la presse et puis plus tard le film sur cette édition et son livre que j’ai lu quatre fois ! Même si ça fait des années que je n’ai pas revu d’images de cette édition, j’ai l’impression de m’en rappeler toujours avec précision. ».
« Ça a été un tournant pour la voile en Suisse. Je me souviens des heures que l’on passait dans le cockpit pour suivre les manches de la Coupe de l’America 2003. C’était vraiment intense, il y avait une réelle ferveur. La Suisse a remporté le plus vieux trophée de la voile et on a vibré comme si on remportait la Coupe du monde. Nous étions tellement fiers qu’ils ramènent la coupe à la maison ! »
« Les skippers que j'ai admirés continuent de m’impressionner. Quand je croise Alain Gautier en allant au travail le matin, j'ai encore et toujours ce petit moment d'émerveillement qui trahit l'admiration que je lui porte. Parmi les autres marins de renom, il y a aussi Kito de Pavant. C’est un personnage haut en couleurs, très ouvert. Avant le départ de mon premier Vendée Globe, il était venu boire un café dans mon cockpit. Il me parlait comme si on se connaissait depuis toujours, me conseillait, alors que pour moi, c’était un des plus grands. Cela force l'humilité car j'ai beau les côtoyer, je n’ai pas la sensation d’être à leur niveau. »
Photo © Vincent Curutchet