Dans une semaine, Alan Roura, Frédéric Denis et l’équipe de La Fabrique Sailing Team devront être arrivés au Village de départ de la Transat Jacques Vabre au Havre. D’ici là, la préparation de l’IMOCA La Fabrique s’intensifie afin de pouvoir passer les dix derniers jours d’avant départ le plus sereinement possible. Mais à quoi correspond réellement la préparation d’une course ? Le team du skipper suisse nous éclaire.
Une écurie de course au large, c’est une TPE à part entière. Au delà des aspects techniques et sportifs directement liés au bateau et à la préparation du duo de skippers, l’équipe de La Fabrique Sailing Team, c’est aussi une société à gérer. « Au delà de ma préparation personnelle, qu’elle soit physique, mentale, ou en termes de connaissance du bateau et de mon binôme grâce à un maximum de navigations d’entraînement, le gros de mon travail réside dans la coordination de l’équipe, confirme Alan Roura. Je suis skipper mais aussi chef d’entreprise. »
Et cette entreprise, c’est Laëtitia Brière, chef de projet, qui est en charge de la faire tourner : « À l’annonce du nouveau projet, tout s’est enchaîné très vite : constitution d’une équipe, élaboration d’un budget sur quatre ans, recherche de locaux et de bureaux… Aujourd’hui, mon travail consiste à avoir une vision globale du projet, de coordonner les actions au sein de ce dernier et assurer toute la gestion administrative. En somme, j’ai un peu un rôle de gendarme et de médiateur, pour que tout se goupille bien, en temps voulu. Tout cela passe par des échanges réguliers avec Alan. Je suis finalement là pour le rassurer sur le fait que toute la partie "entreprise" est sous contrôle, afin qu’il n’ait pas à s’en soucier et puisse se consacrer à sa préparation et à sa performance. Être entourée des bonnes personnes est une réelle force et soulage beaucoup mon quotidien. »
Amélie Grassi est l’un de ces soutiens de Laëtitia. Responsable logistique et matériel embarqué venue en renfort, elle est en charge de l’organisation des déplacements, hébergements, armement obligatoire de sécurité, avitaillement… « Je m’assure du bon fonctionnement et conditions de travail de l’équipe, explique-t-elle. Je suis aussi chargée de réaliser les différents roadbook à destination de l’équipe afin que toutes les informations pratiques leurs soient accessibles. » Pour résumer, Amélie serait le bras droit de Laëtitia, elle-même bras droit d’Alan. Pour la partie "bureau" du moins, Gilles Avril étant finalement le bras gauche, pour la partie "bateau". « Je suis en contact constant avec Laëtitia pour la partie administrative, tandis qu’avec Gilles, nous nous consacrons à la préparation purement technique » résume le jeune skipper suisse.
« Team bureau » et « Team technique » : tous dans le même bateau
Et c’est toute une équipe qui s’affaire également à bord de La Fabrique. On y trouve Gilles Avril, directeur technique, Frédéric Denis, co-skipper d’Alan, mais également ingénieur spécialisé dans l’électronique embarqué, Cyril Enjalran, boat captain, ainsi que deux préparateurs techniques, Alexis Monier et Jay Thompson, mandaté pour la période d’avant-course. « Je supervise tous les aspects techniques du chantier, je m’occupe des plannings, des joblists, de la validation des commandes… Je suis un peu l’oeil de Moscou, plaisante Gilles. En parallèle, je travaille activement à la suite du projet. Alan et moi consacrons beaucoup de temps à la réflexion sur les futures évolutions du bateau. Dans la perspective d’ajout de foils, nous rencontrons les architectes du bateau, les cabinets de calcul, les chantiers de greffe, les constructeurs des appendices… De fait, je me repose souvent sur Cyril pour la partie préparation de la Transat Jacques Vabre. »
Cyril Enjalran - bras droit de Gilles, donc - est le responsable du bateau, en termes de sécurité comme de performance : « Je suis le lien entre la direction technique et les préparateurs du bateau. Si je suis moi-même amené à "mettre les mains dans la colle" comme on dit, je suis aussi le contact des différents fournisseurs, j’assigne les tâches à chacun avec une vision globale du travail à effectuer, le tout suivant un principe permanent d’anticipation, que ce soit des coûts et commandes à venir, ou des hypothétiques problèmes pouvant survenir à bord. »
Les techniciens, véritables orfèvres de l’accastillage, du gréement, du matelotage et tout autant de domaines, ce sont Alexis et Jay, exclusivement assignés au bateau. « Notre rôle est de mettre en oeuvre les demandes techniques d’Alan, simplifie Alexis. En début de semaine, nous faisons le point avec Alan et l’équipe, afin de nous répartir les tâches en fonction des compétences de chacun. Certaines choses se font en interne, d’autres via des intervenants extérieurs. » Le réglage du mât, les réparations de voile, le moteur sont en effet des domaines où des prestataires spécialisés se rendent indispensables.
En ce qui concerne l’électronique, Alan a internalisé cette compétence en la personne de Fred Denis, son co-skipper : « Le bateau ayant été récupéré en configuration Vendée Globe, il y avait déjà beaucoup de matériel à bord. Il nous a fallu effectuer des tests et validations de tous les systèmes, remettre les installations à notre patte. Le plus gros du travail a été l’évolution que nous avons apportée au pilote automatique, avec l’installation d’un nouveau compas. Il nous reste à le régler, mais je ne suis pas inquiet quant à sa fiabilité pour avoir participé à son développement. C’est vraiment la Rolls Royce du compas de pilote ! » Un rôle pour chacun et chacun son rôle, le tout dans la confiance et la bonne humeur : c’est peut-être ça, la recette du bonheur et de la réussite ?