En chantier depuis maintenant deux mois, l’équipe d’Alan Roura poursuit la remise en état de l’IMOCA La Fabrique. Préparation du skipper, du bateau et enjeux techniques en cette année de Vendée Globe : le team fait le point.
Méconnaissable : remise entièrement à nue, La Fabrique est en effet difficile à identifier, au chaud, dans son hangar de Lorient La Base. Au revoir accastillage de pont, éléments de gréement courant, stickers et peintures ! Bonjour ponçage de la carène, du bordé et du pont ! L’équipe d’Alan Roura n’a pas chômé en ce début d’hiver afin de revenir au carbone, première peau du monocoque du 60 pieds. Un travail de titan, qui aura nécessité pas moins de 300 heures de ponçage, mais essentiel en cette année de Vendée Globe : « La saison 2020 s’annonce particulièrement éprouvante pour le bateau, explique Gilles Avril, directeur technique du Team. Avec deux transatlantiques et un tour du monde en vue, la fiabilité ne peut être laissée au hasard. C’est pourquoi nous souhaitions effectuer une vérification totale de la coque et autres éléments structurels, ce qui impliquait de revenir à une base saine. » Tests ultra-sons et révisions en tous genres sont donc désormais au programme des prochaines semaines, avant de pouvoir ré-équiper La Fabrique en mode course en solitaire… et de la parer de ses nouveaux habits aux couleurs des biscuits de la marque vaudoise.
Car au-delà des habituels contrôles et réparations, ce chantier d’hiver version 2020 portera essentiellement sur une mise en mode Vendée Globe. « On avait prévu de réaliser ce type d’interventions cette année, afin d’avoir le recul nécessaire après deux saisons pleines, se satisfait Alan. Mon retour d’expérience, c’est que le bateau fonctionne fort, mais physiquement, il est ingérable. En double ou sur une transatlantique ça passe encore, mais sur un tour du monde tu ne peux pas. Ce que je veux, c’est un bateau marin. » Trois grands axes de travail ont ainsi été définis pour cette dernière grande mise à sec avant le tour du monde en solitaire.
À commencer par la nécessité de PROTÉGER au maximum le skipper, trop souvent exposé aux éléments depuis le cockpit. Alan connaît déjà ce qu’est d’affronter le grand Sud sans véritable casquette de protection, et il n’est pas question pour le jeune skipper de repartir dans les mêmes conditions. « En 2016, nous n’avions pas la possibilité de couvrir convenablement le cockpit de Superbigou, se souvient-il. Et j’en avais vraiment bavé dans les latitudes les plus au Sud. Avec notre nouveau bateau devenu foiler, les vitesses et l’humidité à bord ont été encore augmentées, tout comme ma vulnérabilité en extérieur. Et être trempé tout le temps, je n’en peux plus ! (Rires) Il est essentiel pour moi de préserver mon intégrité physique afin d’être le plus en forme, et donc le plus performant, possible. » Les travaux d’ergonomie au niveau d’une plus grande casquette, entamés la saison passée avec le cabinet d’architecte Finot-Conq, seront donc poursuivis cette année, avec pour objectif de combiner au mieux protection et visibilité.
Ce travail d’ergonomie englobera par ailleurs une réflexion sur le CONFORT du cockpit, avec l’ajout de nouveaux hiloires - renfort longitudinal permettant une meilleure évacuation des vagues sur le pont - ainsi que l’aménagement de réels postes de veille. « Pour le moment, j’avais une mousse, un cale-pied et rien d’autre, confiait Alan dans les lignes de Ouest France. Ce qui fait que je fatiguais pour rien, j’étais trempé, je ne prenais pas de plaisir. J’aimerais avoir un vrai cockpit confortable, où je peux me caler, avec une bonne visu des voiles et des instruments. Les bateaux à foils gîtent plus que les anciens, il faut donc tout adapter. » Ce comportement modifié du bateau entraînera également une nouvelle organisation intérieure, afin de faciliter le repos, le travail à la table à carte, le matossage… « Avec les foils, la zone de slamming (ou tossage en français : zone de la coque où viennent taper les vagues en navigation, ndlr) a été décalée vers l’arrière du bateau et se retrouve pile en-dessous de ma cellule de vie, ajoute Alan. C’est simplement invivable, il va donc falloir faire en sorte de prendre en compte ces chocs dans l’aménagement intérieur afin d’améliorer la vie à bord dans sa globalité. »
Un travail de COSMÉTIQUE sera enfin réalisé en deuxième partie de chantier, avec une nouvelle décoration mettant davantage en valeur le secteur d’activité de l’entreprise familiale Cornu SA et le savoir faire de ses maîtres boulangers. « Pour le Vendée Globe, nous souhaitions frapper fort avec une décoration spécialement créée pour l’occasion, confirme Cyril Cornu, Directeur de La Fabrique. L’idée était de se démarquer par un design percutant et reflétant ce que nous "fabriquons" : des biscuits. » Un design signé par l’agence de communication 100 pour Cent, qui sera dévoilé à la remise à l’eau de l’IMOCA suisse, mi-mars.
Les gros dossiers de 2020 seront ainsi menés, sans pour autant négliger l’objectif de performance d’Alan Roura. Point d’orgue de son partenariat avec ses sponsors principaux La Fabrique, Swisspro, Prodis et Pemsa, cette année de Vendée Globe verra en effet le Genevois monter son niveau encore d’un cran. En plus de sa préparation physique, visant à améliorer son endurance, sa force et sa proprioception à bord, yoga et entraînements sur l’eau viendront animer son quotidien. La Fabrique encore au sec pour plusieurs semaines, Alan a en effet choisi de se procurer un second support de navigation : le Figaro 3*. En attendant de retrouver la barre de sa monture favorite, le skipper suisse pourra donc entretenir et parfaire ses sensations sur l’eau, aux côtés d’une concurrence de haut niveau. Entraînements en flotte, en double et en solo, avec le coach Tanguy Leglatin ainsi que deux courses seront à son programme, avant de mettre le tout à profit, à bord du 60 pieds La Fabrique, équipé d’un nouveau jeu de voiles. « Nous avons dessiné un nouveau plan de voilure l’an passé avec North Sails, mais n’avions pu aller véritablement au bout des choses dans la confection des voiles, faute de temps et de budget, détaille Alan. Un jeu de voiles neuves était prévu pour cette année et nous allons donc pouvoir aller au bout de nos intentions avec un premier test sur l’une des deux transatlantiques au printemps. » Remise à l’eau prévue le 17 mars et première grande confrontation dès le 10 mai, avec le départ de The Transat CIC !
* Figaro 3 : voilier monotype de 10,85m, utilisé notamment pour la Solitaire du Figaro.
Janvier - Mars : Chantier d’hiver de La Fabrique Entraînements en Figaro 3 Préparation physique / Formation météo
Du 13 au 22 Mars : Solo Maître CoQ (Figaro 3)Du 30 Mars au 5 Avril : Solo Concarneau (Figaro) Mi-Mars : Remise à l’eau de La FabriqueAvril : Entraînements en IMOCA
10 Mai : Départ de The Transat (Village à Brest du 30 avril au 10 mai)16 juin : Départ de New-York Vendée
Juillet-Septembre : Entraînements9-13 septembre : Défi AzimutSeptembre - Octobre : Entraînements
17 octobre - 8 novembre 2020 : Village du Vendée Globe aux Sables d’Olonne8 novembre 2020 : Départ du Vendée Globe
Photo © Christophe Breschi