Sorti de l’eau la semaine dernière après plusieurs journées de navigations dédiées aux invités, l’IMOCA Hublot est entré en chantier pour deux mois de réparations et d’optimisations. À moins de 4 mois du Vendée Globe, l’heure est en effet aux dernières fiabilisations et à la mise en configuration tour du monde en solitaire, avec une joblist qui devrait bien occuper l’équipe tout l’été. Le compte à rebours est lancé !
Démontage, vérification, réparation et remontage. Voilà le credo qui devrait rythmer les journées du Hublot Sailing Team durant l’été. Le foil bâbord envoyé en réparation en Italie dès son arrivée à Lorient, c’est désormais au tour du matériel du bord d’être débarqué et contrôlé. À commencer par l’intégralité du gréement, courant et dormant, dont la minutieuse auscultation revient à Laurent Chateignier, responsable matelotage et accastillage. « Le démontage est en cours, confie-t-il, c’est finalement presque ce qui prend le plus de temps ! Les câbles qui tiennent le mât sont déjà partis en révision pour vérifier l’état de leur âme, en fibres de carbone, et ce sera bientôt le cas aussi pour tout le gréement dormant et les pièces d’accastillage, d’axes de mât et de pont, qui vont partir chez nos différents fournisseurs. Je me charge pour ma part de vérifier tout ce qui ne peut pas l’être une fois en appui, comme la sous-barbe ou les loops d’accroches, ainsi que le gréement courant, afin de changer ou réparer les gaines qui en auront besoin. Nous changeons également toutes les filières de sécurité. Alan va partir pour un tour du monde, rien ne doit être laissé au hasard. »
En composite aussi, la priorité est de s’assurer de la capacité du bateau à boucler la boucle. Guillaume Aurenche, expert en carbone, aura ainsi fort à faire sur l’importante réparation au niveau du fond de coque endommagé lors de The Transat CIC, en plus de différents renforts visant, là encore, à ne prendre aucun risque une fois le bateau et son skipper lancés dans les violentes mers du Sud. « Nous avons également constaté une forte dégradation au niveau du système de barre, complète Alan Roura. Nous l’avons donc refait à neuf afin qu’il soit prêt pour un tour du monde. Le vérin hydraulique de quille est lui aussi parti en révision, tout comme la centrale qui le commande. Globalement, l’ensemble des équipements que nous ne pouvons pas contrôler en interne sont actuellement chez leurs constructeurs. » L’équipe se chargera quant à elle de tout l’électronique du bateau - ce qui représente environ 2km de câbles à vérifier -, l’étanchéité générale, le système de matossage, les systèmes de fermeture… « Un ensemble de petits détails ! » Ce chantier sera par ailleurs l’occasion de faire le point sur le matériel de spare qui sera embarqué pour le Vendée Globe, que l’équipe est particulièrement enthousiaste à l’idée de préparer. « On est heureux de ne plus préparer de courses transatlantiques mais véritablement le tour du monde que nous attendons tous depuis près de 4 ans », s’est réjouit Alexis Monier, Boat captain du bateau.
Et préparer un tour du monde de plus de 24 000 milles en solo, c’est aussi améliorer le confort à bord du matelot. « L’expérience de mes deux premiers Vendée Globe m’a montré l’importance de gagner en efficacité dans mes mouvements au quotidien et dans ma possibilité de récupérer autant que possible en un temps restreint. Après trois saisons à bord de Hublot, dont deux en solitaire, j’ai une vision bien précise de ce que je souhaite afin d’optimiser ces moments clés. » Rangements, cuisine, systèmes de matossage et lieux de repos sont donc les postes à propos desquels Alan a longuement réfléchi, dans le but d’améliorer son sommeil, son énergie et ses réglages. « Mon retour en solitaire depuis New York a également servi cette réflexion. Je me suis définitivement approprié ce bateau et cela s’inscrit dans mon changement de relation avec lui. Désormais, je ne me pose plus de question, je n’ai plus de frein, je bourrine. Je me sens aussi libéré de la qualification au Vendée Globe, je n’ai plus peur de taper dedans. Je connais ses limites, j’ai donc pu tester les miennes, que je ne cesse de dépasser et que je continue à apprendre à bien gérer dans le temps. Savoir pousser au maximum tout en récupérant, cela passe aussi par une bonne ergonomie à bord. »
Si ce dernier chantier devait initialement durer deux semaines, la casse du foil et son envoi en Italie pour environ deux mois ont quelque peu chamboulé les plans du Team Hublot, dont l’IMOCA restera finalement au chaud jusqu’à la rentrée. « Nous en profiterons pour faire plus de choses que prévues, relativise le skipper. L’équipe pourra prendre sereinement ses congés d’été, cela n’aurait servit à rien de se précipiter pour remettre le bateau à l’eau, sans pouvoir aller s’entraîner derrière. » Le calendrier sportif sera, forcément lui aussi impacté, le navigateur ayant décidé de ne pas participer au Défi Azimut - Lorient Agglomération de cette année. Une première depuis l’arrivée du Suisse sur le circuit IMOCA en 2016 : « Je suis forcément déçu de ne pas participer à cette belle fête lorientaise, mais sportivement, il n’existe aucun intérêt pour moi de me confronter une dernière fois à la flotte du Vendée Globe sur un seul foil. » Le mois de septembre sera donc dédié à de dernières navigations avec les partenaires et à une intense phase de navigations techniques et d’entraînements, afin de tout valider à bord et de partir fin prêt, mi-octobre, pour Les Sables d’Olonne.
Photo © Gauthier Lebec / Air Vide et Eau productions