Avec 33 bateaux sur la ligne de départ, le Défi Azimut - Lorient Agglomération a plus que jamais fait office de répétition générale pour les IMOCA, avant leurs deux rendez-vous transocéaniques de l’année. 18es de la grande course des 48 Heures et 5es de leur Poule sur les runs de vitesse, Alan et Simon restent concentrés sur la suite de leur programme. La progression du duo sur l’ensemble de la saison reste en effet constante et les performances globales de Hublot en nette amélioration.
C’était la dernière confrontation des IMOCA avant la Transat Jacques Vabre. L’occasion pour l’équipe d’Alan Roura de tester les ultimes petites optimisations apportées à Hublot durant l’été et de continuer à emmagasiner leurs données de performance. Objectif atteint, puisqu’à l’issue de trois jours de compétition, dont 48 heures au large et une session de runs de vitesse en baie de Lorient, l’ensemble du Team tire un bilan particulièrement constructif. « Depuis le début de la saison, on sait qu’il ne faut pas que nous nous attardions sur les classements, mais sur notre vitesse et notre fonctionnement à bord, rappelle Alan, pour qui ces courses d’avant-saison ne font que s’inscrire dans sa préparation aux courses transatlantiques et autour du monde. Et lorsque les autres coureurs, les amateurs et connaisseurs de voile ainsi que notre Coach Tanguy Leglatin viennent nous dire qu’on a bien marché, on sait qu’on a bien bossé ! » Et c’est peu dire que le Genevois de 30 ans et son co-skipper, Simon Koster, n’ont pas chômé depuis le début d’année ! À la barre d’un bateau particulièrement difficile à mener au près, une allure très présente sur les courses à format réduit, les deux Suisses n’ont ainsi eu de cesse de chercher le bon compromis entre meilleure polyvalence et préservation de leurs atouts au portant. Leur 18e place à l’arrivée se révèle alors bien sévère au regard de leur performance, tant ils auront tenu bon sur la première partie de course par vent de face, parvenant à s’accrocher au « bon paquet » et franchissant la première marque de passage en 20e position, sans toutefois s’être laissés distancer. En mesure de s’exprimer davantage sur les deux bords de reaching et de portant, ils enroulaient le troisième waypoint en 12e position et cochaient donc toutes les cases de leurs objectifs d’avant-course. Le dernier bord de près dans des airs mollissants venu plomber la fin de parcours rétrogradait le duo six places derrière, mais l’essentiel est ailleurs : Alan et Simon ont fait bien mieux qu’en début de saison.
Entraîneur de coureurs au large depuis 2007 connu pour sa quête constante de performance, reconnu pour sa méthode et adoubé par les plus grands marins pour sa redoutable efficacité, Tanguy Leglatin est également réputé pour son franc-parler. Avec une formule bien à lui basée sur l’observation, qui mêle accompagnement technique et mental, le « Coach » collabore avec Alan et Simon depuis le début de leur association et dispose donc du recul nécessaire pour affirmer que « le travail commence à payer. » « Le résultats sportif peut sembler décevant, Hublot ne joue pas dans la même cour que les bateaux neufs mais c’est logique, expose-t-il. Ce que je retiens c’est qu’ils ne sont pas loin du groupe des bateaux de 2020, up-gradés pour la grande majorité, et que leur performance au près a considérablement progressé. Je trouve qu’ils ont beaucoup mieux navigué du fait d’avoir réellement accepté les compromis du bateau. Lorsqu’on vise la performance, ce n’est pas facile de voir que tu vas moins vite que les autres et c’est là que tu fais des erreurs stratégiquement. Il faut parfois savoir être patient, attendre son heure, et c’est là que j’ai vu la véritable différence : dans leur manière de faire. Ils ont réalisé une course assez complète, on visait une place dans les 12/13 et l’objectif était tenu jusqu’à la dernière marque. Ils ont évolué dans le paquet des foilers, moins loin derrière, voire même plutôt devant par moments, lorsque sur les courses précédentes, ils étaient toujours assez loin des bateaux à dérives sur les bords de près et il y avait toujours un petit quelque chose niveau vitesse ou stratégie. Ils ont eu de très bonnes phases au reaching, ont montré du très bon au portant malgré les grains et l’enjeu de bien se positionner… Il y a évidemment toujours du travail et des améliorations à aller chercher, mais je vois une nette progression. C’est positif et encourageant, cela montre que les efforts fournis par l’équipe pour optimiser le bateau commencent à payer, qu’ils ont eu raison d’aller chercher les petits détails sur différents points tels que la quête du mât, l’équilibre du bateau, les réglages, la tactique, etc. Ils ont très bien navigué par rapport à leur bateau, en tenant compte de ses contraintes et des connaissances qu’ils en ont aujourd’hui. Le finish est un peu cruel mais le bilan est clairement plutôt positif. » À un mois de la Transat Jacques Vabre, ce dernier test grandeur nature devrait donc mettre Alan et Simon en confiance, avant de s’élancer sur un parcours en théorie plus adapté à leur monture. Verdict mi-novembre, en Martinique, avant d’attaquer la dernière ligne droite de ce troisième projet de Vendée Globe : l’objectif final et véritable d’Alan Roura.
Photo © Vincent Curutchet / Défi Azimut