Le début de convoyage était tranquille niveau vent. En revanche, ça l’était moins niveau repos à cause d’un trafic dense, avec beaucoup de pêcheurs.
Il y a quelques jours, j’avais encore deux options pour ce retour en solo à la maison : une route très nord, mais vraiment nord, ou bien une route par les Açores, plus longue mais plus proche d’un abri en cas de besoin. Ce mercredi, l’option Açores n’est plus réalisable, direction la route nord ! Ça va me faire monter vers 54° nord et contourner tout l’Atlantique qui n’est pas bien rangé. Je gagne entre un à deux jours suivant les routages mais ça va cailler ! Pour l’instant je persiste à rester en short, mais avec une doudoune !
C’est plus sage avec le bateau en l’état car par les Açores, c’était cinq jours de près dans du vent fort, à tirer des bords pour rejoindre la maison. Avec mes bouts de bois qui maintiennent le fond de coque, on va donc prendre la route des écoliers esquimaux !
À bord, je retrouve le mouvement d’un bateau “classique” mais qui n’a pas été dessiné pour naviguer sans foil. Je parviens tout de même à tenir des vitesses assez correctes, le bateau n’accélère jamais mais nos moyennes ne sont pas pires. Là je suis dans 20 à 25 noeuds de vent au près, tribord amures (le mauvais bord donc), dans une mer forte et courte. Le bateau ne se comporte pas comme lorsqu’il a son foil, ça tape énormément et il prend des gros coup de gîte. C’est assez étonnant comme sensation, je vis constamment à 30° de gîte. Ce n’est pas très agréable mais je voulais du vent et au moins, j’en ai !
Ce matin j’ai abattu pour mettre encore un peu plus de nord dans ma route : ça tape moins mais ça gite autant. Je fais plus de 15 noeuds ça fait du bien au moral. Mais bon, je suis à 70% des polaires du bateau, ça fait drôle. Le foil est là pour quelques chose, ça c’est sûr !
Ces prochains jours, je vais passer au-dessus du plateau au sud de Saint-Pierre-et-Miquelon, c’est un haut fond où l’on peut trouver des baleines et des pêcheurs. Il y a aussi pas mal de cargos dans le coin. JE ne vais pas aller trop vite ! D’ailleurs, merci à mon super radar qui m’a fait éviter une sacrée boulette ce matin : une bouée météo non cartographiée, je suis passé très proche.
Autrement, tout va bien à bord, le temps commence à être un peu long en vue de la météo. Chaque jour il me reste 9 jours, et ça depuis le départ. Autant dire que je ne sais pas trop quand j’arrive ! J’ai fait le premier tiers sans souci, c’est déjà bien. Tout sur le mauvais bord par contre, et ça c’est moins drôle. Mais l’important est de ramener le bateau.
Dès que je serai sur le bon bord, j’aurai l’occasion de faire de nouveaux essais de voiles, continuer de compléter leurs plages d’utilisation. Continuer à travailler le près aussi, mes réglages, faire quelques “speed test”, travailler sur les angles de quille, l’utilisation des ballast, essayer le ballast avant si l’occasion se présente, faire des marquages sur l’ensemble des cordages du bateau… Continuer de travailler sur la vie à bord, comment rendre le bateau encore plus agréable, tester le matériel de spare (pilote, compas, aérien…). La liste est longue, pas de quoi m’ennuyer !
Photo © Jean-Louis Carli / Aléa / Hublot