Après une riche saison 2019 et une mise en chantier de La Fabrique dès le retour de la Transat Jacques Vabre, l’heure est au bilan et à la projection vers une année 2020 qui s’annonce particulièrement intense pour Alan Roura et son équipe.
Rentrée du Brésil, La Fabrique, avec son équipage de convoyage. Effectués, les derniers tests en mer avant le chantier d’hiver. Et passée, la déception de la Transat Jacques Vabre, terminée à une 21ème place qui n’a su satisfaire le compétiteur que devient, jour après jour, Alan Roura. Son IMOCA au chaud, dans son hangar lorientais, le skipper suisse a désormais tout loisir de faire le point, et de relativiser. « J’ai mis un peu de temps à digérer la contre-performance que j’ai signée avec Sébastien Audigane, confesse-t-il. Mais nous avons tout de même vécu une belle année 2019, avec notamment un record de l’Atlantique nord en solitaire que je suis très fier d’avoir ramené en Suisse*. » Une prouesse qui n’est d’ailleurs pas passée inaperçue et pour laquelle Alan a été récompensé, mercredi 18 décembre, en recevant le Prix Spécial du Jury lors de la Nuit du sport genevois. De quoi terminer l’année sur une bonne note et d’orienter dès à présent son regard vers l’avenir : « Je garde en tête que le timing reste à notre avantage, nous avons le temps de réagir. La Jacques Vabre nous aura permis de valider beaucoup de choses à bord et d’identifier d’autres points en vue de les améliorer pour la saison prochaine ». Mis au sec lundi 9 décembre, le voilier rouge et blanc devrait y rester pour environ trois mois de chantier. Le chrono est officiellement lancé, car la saison 2020 arrivera vite et sera l’une des plus denses du programme sur quatre ans du navigateur genevois et ses partenaires. Avec au programme : deux transatlantiques et un tour du monde, le tout en solitaire. « Le championnat IMOCA va reprendre très tôt avec une première course, The Transat, qui partira dès le 10 mai, rappelle Alan. Un mois plus tard, le 16 juin, on enchaînera avec la transatlantique retour New-York - Vendée. Nous allons donc devoir respecter rigoureusement nos délais pendant le chantier d’hiver si l’on veut pouvoir naviguer et s’entraîner un maximum avant de reprendre la compétition. »
Trois mois de travaux donc, orientés principalement sur la mise en configuration solitaire. Avec notamment un gros travail d’ergonomie et d’aménagement de la cellule intérieure, mais pas que : « Notre premier dossier consistera effectivement à optimiser mon espace de vie avec la mise en place d’une vraie table à carte et d’un vrai coin nuit, de vrais espaces dédiés et à les adapter aux mouvements du bateau. Le deuxième axe concernera le déficit de vitesse de La Fabrique à certaines allures, que nous avons décelé pendant la Transat Jacques Vabre. Sur un tour du monde, les moyennes de vitesse sont plus importantes que les pointes, raison pour laquelle le bateau doit aussi bien fonctionner au reaching, qu’au portant et qu’au près, dans toutes forces de vent. La constance est la clé de la performance. » Une modification assez importante du plan de voilure déjà initiée en 2019 sera ainsi reconduite pour 2020, avec une continuité dans le travail d’étude et de conception avec les maîtres voiliers de chez North Sails. Le long et fastidieux processus d’enregistrement et de traitement des données de performance de La Fabrique se poursuivra également. Enfin, une nouvelle décoration du bateau, au plus proche des biscuits de la boulangerie vaudoise, sera dévoilée au printemps.
Lorsque début mars, l’IMOCA La Fabrique sera prêt à être remis à l’eau et à reprendre les entraînements, l’objectif pour Alan sera d’être lui aussi paré à entamer sa saison. Si les premiers mois de l’année sont propices aux déplacements en Suisse, afin que le jeune skipper puisse aller à la rencontre de ses partenaires et de son public, sa préparation en tant que coureur au large reprendra également de plus belle. Après quelques derniers jours de congés en janvier, Alan retrouvera donc les salles de sport et de classe, afin de poursuivre sa préparation physique, sa formation météo, son apprentissage stratégique et autres domaines de perfectionnement. Il fera ensuite son retour sur le plan d’eau dès que possible, à bord de La Fabrique ou d’un autre support, accompagné d’un coach ou encore d’un sparing-partner. La cellule sportive de La Fabrique Sailing Team étudie actuellement toutes les options pour atteindre un but affiché : prendre le départ de The Transat dans les meilleures dispositions et réaliser une saison axée sur la performance. Dont le point d’orgue sera, bien évidemment, le Vendée Globe 2020.
* Le Vaudois Bernard Stamm avait été le premier à homologuer ce record à bord d’un monocoque de 60 pieds, Superbigou, en 2002.
Photo © Vincent Curutchet / IMOCA