Joint par l'organisation du Vendée Globe ce samedi matin, Alan exprimait sa joie de retrouver de hautes vitesses et faisait le bilan de sa difficile première partie de course :
« Ça va plutôt pas mal ! On a eu une nuit assez rapide, ça fait du bien au moral. Là le vent est retombé donc on change de voile, on essaie de faire avancer le bateau du mieux possible, mais on va dans la bonne direction donc c’est cool. Ça fait du bien d’avoir des vitesses de plus de 20 nœuds de temps en temps. C’est assez dur de se projeter avec l’anticyclone devant nous, chaque fichier dit des choses un peu différentes, mais on va quand même se le prendre à un moment donné. Après, ça risque d’être du tout schuss jusqu’au cap Leeuwin donc c’est agréable. J’ai une petite avance sur Stéphane (Le Diraison) et Cali (Arnaud Boissières) mais avec la molle qui risque d’être compliquée à éviter, ils vont me recoller un petit peu. Il faut essayer de bien gérer cette phase et après on devrait avoir assez d’air pour aller vite.
J’avoue que j’ai profité des bonnes vitesses de la nuit pour dormir. Il fallait que je reprenne confiance en moi et dans le bateau. Je le voyais avancer à20-21 noeuds, pointes à 24, je me suis dit que c’était le moment d’aller faire une sieste ! Ça fait du bien au moral d’avoir des bonnes vitesses et de revenir en course. Jusque là c’était très dur mais j’ai l’impression que rien n’est joué, il ne faut rien lâcher. Je suis bien, reposé, détendu, content d’être là. Ça fait longtemps que j’attendais ce moment.
Sans se voiler la face, on a eu un début… Enfin, presqu’une moitié de course très difficile pour notre groupe avec des conditions pas agréables. Jusqu’au Cap-Vert ça s’est plutôt bien passé mais après, ç’a été l’hécatombe jusqu’à cette dépression là, d’il y a quelques jours : beaucoup de grains le long du Brésil, du près dans le Sud, je ne sais pas combien d’anticyclones on a pris, là on va en reprendre un… C’est vraiment une course à pas de chance depuis le départ et c’est assez dur à accepter parce que devant, ils ont eu de meilleures conditions que nous : dur pour le moral de se dire qu’eux ils ont de la chance et que nous on subit plus qu’on se fait plaisir sur l’eau. Peut-être que la chance va tourner, pour le moment, ça fait du bien de voir qu’on va dans la bonne direction et que le bateau va bien. C’est un Vendée Globe très difficile, je n’ai jamais eu de conditions aussi instables, c’est la plus dure de toutes les courses que j’ai connues jusqu’à aujourd’hui.
C’est un projet que j’ai depuis un certain temps, on a beaucoup modifié le bateau et même si ça reste un petit projet, on a fait beaucoup de chose, ça reste un projet assez engagé. Donc il y a une grosse part de déception et de tristesse que j’ai au fond de moi et que j’ai du mal à exprimer. C’est dur à accepter d’être là où je suis aujourd’hui, mais d’un autre côté ce n’est pas dramatique, je suis toujours en course et je peux encore faire de belles choses. C’est le Vendée Globe, tout peut arriver. Il faut que je me concentre sur ma course et que je navigue proprement.
Dans une journée type, il y a la moitié de la journée où je me dit que ce n’est pas possible, qu’est-ce-que j’ai fait pour être là et l’autre moitié je me dit que je suis capable de remonter, il faut juste que la météo soit aussi un peu avec moi. J’essaye aussi de me dire que je suis quand même sur mon deuxième Vendée Globe, à 27 balais, et c’est un sacré honneur d’être là. Je suis fier de mon parcours même s’il y a forcément des erreurs, il y a aussi une part de réussite donc j’essaye de faire au mieux.
C’est une course difficile, les bateaux commencent à avoir des soucis, c’est dur, c’est du non-stop et tu as beau être au top niveau, il peut t’arriver des bricoles. Ça tient à pas grand chose, il faut constamment être sur son bateau, à le contrôler, à prendre soin de lui, à prendre soin de soi. J’avais un peu oublié mais c’est vraiment une course au long cours, il ne faut pas regarder l’instant présent mais vers le futur. »
Alan onboard La Fabrique, during the organisation vacation on December 12th.
Image d'illustration © Pierre Bouras / La Fabrique