Une semaine qu’Alan Roura et Frédéric Denis ont pris le départ de la Transat Jacques Vabre à bord de leur IMOCA La Fabrique. Après quatre jours d’entame éprouvants, le duo franco-suisse a retrouvé des conditions plus calmes et pointent en dixième position de leur catégorie. À 2 158,7 milles de l’arrivée, il leur reste la moitié du chemin à parcourir.
« On est dans 18/20 noeuds de vent, ça glisse sous spi, à 140°du vent, plein cul, sous le soleil, explique Alan Roura joint en début d’après-midi. On pourrait aller plus vite en naviguant moins abattus, mais on préfère faire de la route directe. » Dixièmes après sept jours de course, l’équipage de La Fabrique a en effet décidé de suivre une route plus à l’Ouest que ses concurrents les plus proches afin d’être sur une meilleure trajectoire par rapport à leurs points de mire : le Pot au Noir d’abord, Salvador de Bahia ensuite. « Cette nuit, on a touché le vent après ceux qui sont plus proches des côtes, on a donc de nouveau perdu notre neuvième place au profit de Vivo A Beira, explique le jeune skipper suisse. Mais aujourd’hui, on navigue côte à côte, aux mêmes vitesses et nous sommes même souvent plus rapides. Donc on est plutôt pas mal. »
Alors qu’ils devraient arriver aux abords du Pot au Nord, cette zone de convergence intertropicale (ou équatoriale), ce début de semaine, Alan et Fred sont en effet censés bénéficier d’un meilleur placement pour y faire leur entrée. « Le Pot au Noir, c’est un peu un entonnoir, confirme Alan. Mais nous avons identifié un point de passage par lequel on devrait pourvoir passer plus rapidement. » Un point d’entrée qui se trouve au niveau du 30°W, plus difficilement accessible pour le groupe à l’Est, qui bénéficiera d’un moins bon angle.
« Pas venus pour l’aventure »
Analyses météo et décisions stratégiques font donc partie des occupations quotidiennes des deux skippers, qui s’attellent également à quelques petites réparations. « On a quelques bricoles, un chandelier qui s’est un peu arraché, deux padeyes qui se sont décollées… Mais rien qui n’entame vraiment la bonne marche du bateau », racontait Frédéric Denis, hier, en vacation avec l’organisation. « On reste à l’attaque ! » concluait-il. C’est qu’après près de 2 200 milles en mer, le duo commence à bien se connaître et fonctionne de mieux en mieux ensemble : « Avec Fred tout se passe bien, on s’entend bien, on est au taquet, un vrai petit couple ! On prend nos décisions ensemble, c’est vraiment chouette. »
Mais qui dit vie de couple, dit forcément petites querelles ou désaccords. « Hier soir, on n’était pas d’accord sur le timing de changement de voile, on aurait cru entendre Kito (de Pavant) et Yannick (Bestaven) (qui expliquaient avant le départ ne pas avoir la même méthode d’affalage de spi, ndlr) » se marre le Genevois de 24 ans. Et si le duo se connaît mieux, Alan et Fred apprennent également les petits secrets de leur monture : « En début de course, les conditions ne nous permettaient pas de vraiment peaufiner nos réglages. On avançait quand même bien, mais là on prend plus de temps, on affine. On navigue aussi pour la première fois dans certaines configurations de voile, il nous a fallu un peu de temps pour apprendre certaines choses, là on commence à bien avoir le bateau en main. On n’est pas venus pour l’aventure, c’est une belle transat’, ça avance vite, mais même si on n’a pas encore vraiment eu l’occasion de tenter de vraies choses d’un point de vue tactique, on est venus pour jouer. Alors on joue ! »
Une première semaine au bilan positif donc, tant au niveau sportif qu’au regard du rythme à bord, puisque les deux marins ont enfin pu trouver le temps de bien manger et de se faire un brin de toilette. Place également à un peu de repos le temps de l’accalmie actuelle avant de retrouver de plus hautes vitesses. Les routages annonçaient 14 jours entre Le Havre et Salvador de Bahia. Pour le moment, La Fabrique est dans les temps !
Image d'illustration © Christophe Breschi / La Fabrique Sailing Team